Le blog d'Ariane BethCe que je lis, je l'écris2023-11-30T08:16:08+01:00All Rights Reserved blogSpiritblogSpirithttp://leblogdarianebeth.blogspirit.com/Ariane Bethhttp://leblogdarianebeth.blogspirit.com/about.htmlCe qui barre la route fait faire du chemintag:leblogdarianebeth.blogspirit.com,2023-10-31:33502082023-10-31T08:04:50+01:002023-10-31T08:03:00+01:00 « Au siège de Sébastopol, Tolstoï saute des tranchées et fuit vers...
<p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>« Au siège de Sébastopol, Tolstoï saute des tranchées et fuit vers le bastion sous le feu nourri de l'ennemi : il avait une horrible peur des rats et venait d'en apercevoir un. »</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">(Camus <em>Carnets </em>automne 1941)</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"> </p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">En tant que phobique de concours, je comprends. Entre un rat qui va sûrement vous mordre et en tous cas vous rend déjà malade de répulsion, et le risque aléatoire d'être éventuellement atteint par une balle ennemie, le choix est vite fait.</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Outre que cela révèle un certain optimisme – inattendu – chez Tolstoï.</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"> </p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>« À ajouter à l'Absurde* citation de Tolstoï comme modèle de logique illogique :</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>''Si tous les biens terrestres pour lesquels nous vivons, si toutes les jouissances que nous procurent la vie, la richesse, la gloire, les honneurs, le pouvoir, nous sont ravis par la mort, ces biens n'ont aucun sens. Si la vie n'est pas infinie, elle est tout simplement absurde, elle ne vaut pas la peine d'être vécue et il faut s'en débarrasser le plus vite possible par le moyen du suicide.'' (Confession)</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>Mais plus loin, Tolstoï rectifie : ''L'existence de la mort nous oblige soit à renoncer volontairement à la vie, soit à transformer notre vie <strong>de manière à lui donner un sens que la mort ne peut lui ravir.</strong>'' »</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"> </p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>« Cf Marc-Aurèle : ''Partout où l'on peut vivre, on y peut bien vivre.''</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>'' Ce qui arrête un ouvrage projeté devient l'ouvrage même.''</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em><strong>Ce qui barre la route fait faire du chemin</strong>. »</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"> </p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Sur ces mots d'espoir finit, début 1942, le 3° cahier.</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"> </p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">*Camus désigne ici les trois œuvres qui forment un triptyque autour de cette notion : <em>L'Étranger, Le Mythe de Sisyphe, Caligula</em>. Outre l'intérêt propre de chacun de ces textes, on remarque le choix qu'il fait de décliner le thème sous trois formes littéraires différentes : roman, essai, théâtre. </span></span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Un choix d'écriture qu'il partage d'ailleurs avec Sartre ou Beauvoir.</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"> </p>
Ariane Bethhttp://leblogdarianebeth.blogspirit.com/about.htmlExpériences indiciblestag:leblogdarianebeth.blogspirit.com,2023-10-28:33500772023-10-28T08:38:50+02:002023-10-28T08:33:00+02:00 « Le problème en art est un problème de traduction. Les mauvais...
<p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>« Le problème en art est un problème de traduction. Les mauvais écrivains : ceux qui écrivent en tenant compte d'un contexte intérieur que le lecteur ne peut pas connaître. Il faut être deux quand on écrit : la première chose, une fois de plus, est d'apprendre à se dominer. » </em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">(Camus <em>Carnets </em>automne1941)</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"> </p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">En un mot ces <em>mauvais écrivains </em>sont égocentrés, narcissiques (euh ça fait deux mots). Ce qui les conduit souvent à étaler complaisamment Leur Vie Passionnante, les états de Leur Âme Unique. Aujourd'hui comme de tout temps on les trouve dans le monde de l'édition, mais là où ils pullulent vraiment, c'est sur les résasociaux. La phrase de Camus met chacun d'entre nous en garde contre cette pente. </span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Cependant notons que ce n'est pas nécessairement une question de sujet. On peut feindre de parler du monde pour en réalité ne parler que de soi (j'ai des noms en tête mais n'attendez pas de moi que je balance). On peut aussi, parlant de soi, construire une œuvre universelle. Il ne s'agit que de ne pas tricher. Et le lecteur-trice voit venir l'exemple :</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>« On attache aussi bien toute la philosophie morale à une vie populaire et privée que à une vie de plus riche étoffe ; chaque homme porte la forme de l'humaine condition. Les auteurs se communiquent au peuple par quelque marque particulière et étrangère ; moi, le premier, par mon être universel, comme Michel de Montaigne, non comme grammairien, ou poète, ou jurisconsulte. » </em>(Montaigne <em>Essais</em> III,2 <em>Du repentir</em>)</span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>« J'ose non seulement parler de moi, mais parler seulement de moi ; je fourvoie quand j'écris d'autre chose et me dérobe à mon sujet. Je ne m'aime pas si indiscrètement </em>(sans discernement) <em>et ne suis si attaché et mêlé à moi que je ne me puisse distinguer et considérer à quartier, comme un voisin, comme un arbre. » </em></span></span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">(III,8<em> De l'art de conférer</em>)</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"> </p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>« Manuscrits de guerre, de prisonniers, de combattants. Ils sont tous passés à côté d'expériences indicibles et n'en ont rien tiré. Six mois dans une administration des postes ne les auraient pas moins enseignés. Ils répètent les journaux. Ce qu'ils y ont lu les a bien plus frappés que ce qu'ils ont vu de leurs yeux. » </em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Phrases empreintes d'une désagréable morgue d'intellectuel, qui juge du haut de sa propre aptitude analytique et philosophique, ainsi que de son aisance d'écriture. </span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Au plan éthique, en outre, c'est comme imposer une double peine aux auteurs de ces textes. Ils ont été pris dans l'absurdité <em>d'expériences indicibles </em>auxquelles ils ont pourtant trouvé le courage et la dignité d'opposer leurs mots, tout insuffisants ou maladroits qu'ils puissent être. Ils écrivent au plus près de ce qu'ils sont, tout simplement. Et par cela leurs récits sont tout aussi riches d'enseignements que des réflexions plus élaborées. </span></span></span></p><p align="JUSTIFY"> </p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Mais en réalité, et une fois de plus, on a plutôt affaire ici à un débat intérieur pour Camus :</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>« Vertige de se perdre et de tout nier, de ne ressembler à rien, de briser à jamais ce qui nous définit, d'offrir au présent la solitude et le néant, de retrouver la plate-forme unique où les destins à tout coup peuvent se recommencer. La tentation est perpétuelle. Faut-il lui obéir ou la rejeter ? Peut-on porter la hantise d'une œuvre au creux d'une vie ronronnante, ou faut-il au contraire lui égaler la vie, obéir à l'éclair ? Beauté, mon pire souci, avec la liberté. » </em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"> </p>
Ariane Bethhttp://leblogdarianebeth.blogspirit.com/about.htmlC'est toujours un grand crimetag:leblogdarianebeth.blogspirit.com,2023-10-26:33500012023-10-26T08:37:00+02:002023-10-26T08:37:00+02:00 « On n'a pas assez senti en politique combien une certaine égalité...
<p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>« On n'a pas assez senti en politique combien une certaine égalité est l'ennemie de la liberté. En Grèce, il y avait des hommes libres parce qu'il y avait des esclaves. »</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"> </span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>« ''C'est toujours un grand crime de détruire la liberté d'un peuple sous prétexte qu'il en fait un mauvais usage.'' (Tocqueville) » </em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">(Camus <em>Carnets </em>1941)</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"> </p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Avec ces deux notes qui se suivent dans le carnet, on a l'impression que Camus prépare une dissertation. Ça fait un peu sujet du bac. « À l'aide de ces deux citations, vous définirez les conditions d'exercice de la liberté dans son rapport à l'égalité, celui de la démocratie dans son rapport à la dictature. »</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">L'idée que l'égalité pourrait contredire la liberté je la trouve non seulement scandaleuse, mais vraiment absurde. </span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">La Boétie démontre clairement le contraire : la servitude volontaire (qui est l'absolu contraire de la liberté, étant renonciation au désir-même de liberté) ne peut s'installer que dans un rapport d'inégalité. Un rapport fondé sur du plus ou du moins. On s'aliène à un plus riche, plus puissant, en espérant ainsi pouvoir à son tour dominer un moins riche, moins puissant. </span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">La liberté commence donc là où cesse le pouvoir de l'inégalité, et surtout son attrait sur les consciences, cette envie d'être un peu (ou beaucoup) « plus égal » que l'autre. </span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">La liberté, dit La Boétie, commence donc par savoir dire juste ce petit mot : non. Et de là parfois on peut travailler à réduire les inégalités, autrement dit à faire progresser la justice.</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Quant à la deuxième citation, il est clair que ceux qui décident quel est le « bon usage » de la liberté des autres sont ceux qui considèrent en avoir le droit : ou bien parce qu'ils ont le pouvoir, et veulent le garder. Ou bien parce qu'ils ne l'ont pas et veulent le prendre. </span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Ça fait beaucoup de monde qui travaille à l'aliénation généralisée.</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"> </p>
Ariane Bethhttp://leblogdarianebeth.blogspirit.com/about.htmlCe coeur sans lumière éparpillé en moitag:leblogdarianebeth.blogspirit.com,2023-10-24:33499082023-10-24T08:24:36+02:002023-10-24T08:03:00+02:00 « Renoncer à cette cette servitude qu'est l'attirance féminine. » ...
<p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>« Renoncer à cette cette servitude qu'est l'attirance féminine. » </em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">(Camus <em>Carnets</em> mars 1941)</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Phrase désagréable, avec ses évocations subliminales : la femme fatale, Ève tentatrice secondant le serpent tentateur, la magicienne Circé, Pandore incapable de résister à sa curiosité bien féminine qui ouvre la boîte aux maux ... </span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Des fantasmes prisés par les hommes, tant ils sont pratiques pour servir d'alibi à leurs errements. Parce que la boîte aux maux, qui l'a en mains en ce moment par exemple hein ? </span></span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Des taliban-es afghanes ? Des mollah-es iraniennes ? Les femmes qui tentent de faire survivre leur famille à Gaza ? Celles qui pleurent leurs morts massacrés dans les kibboutz ?</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Mais bon allez soyons honnêtes, Camus est à mille lieues ici de la question politique, ce qui parle en lui n'est pas la raison mais le coeur, dont les raisons etc.</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>« Par quoi un cœur se gouverne-t-il ? Aimer ? Rien n'est moins sûr. On peut savoir ce qu'est la souffrance d'amour : on ne sait pas ce qu'est l'amour. Il est ici privation, regret, mains vides. Je n'aurai pas l'élan ; il me reste l'angoisse. Un enfer où tout suppose le paradis. C'est un enfer cependant. J'appelle vie et amour ce qui me laisse vide. Départ, contrainte, rupture, ce cœur sans lumière éparpillé en moi, le goût salé des larmes et de l'amour. » </em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Heureusement pour la lectrice, Camus ajoute ce passage, où se révèle sa sensibilité d'homme passionné, exacerbée par le moment de dépression qu'il traverse. </span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Une dépression magistralement et poétiquement définie, à la manière d'un Musset ou d'un Racine : <em>ce cœur sans lumière éparpillé en moi.</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"> </p>
Ariane Bethhttp://leblogdarianebeth.blogspirit.com/about.htmlSolidaire, solidaire de ce mondetag:leblogdarianebeth.blogspirit.com,2023-10-22:33498412023-10-22T08:52:48+02:002023-10-22T08:41:00+02:00 « La vieille église* avec une copie de Boucher. La chaisière :...
<p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>« La vieille église* avec une copie de Boucher. La chaisière : elle a eu si peur lorsque les bombardiers allemands sont venus. Déjà, dans la dernière guerre, la commune avait trente morts. Maintenant il n'y a que dix-huit prisonniers, mais c'est dur quand même. Tout à l'heure il y aura un mariage, deux jeunes. </em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>L'institutrice est une réfugiée d'Alsace, elle n'a pas de nouvelles de ses parents. ''Croyez-vous que cela va s'arrêter bientôt, Monsieur ?'' Son fils est mort en 14, elle est allée chercher le corps blessé et s'est trouvée près de la retraite de la Marne. Elle l'a ramené, il est mort chez lui. ''je n'oublierai jamais ce que j'ai vu.''</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>Au dehors, le même ciel et le même froid. Les labours sont tièdes et le fleuve en bas coule, étale et luisant, avec un frémissement de temps en temps. </em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>Un peu plus loin, la salle d'attente d'une petite gare à Serresin. Éclairage de guerre – ombre sur les affiches invitant à vivre heureux à Bandol. Poêle éteint et les 8 de l'arrosage matinal sont restés en décalque sur les dalles froides. Une heure à attendre avec le grondement lointain des trains et le vent du soir sur la vallée. Si isolé et si proche. </em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>On touche ici sa liberté, et qu'elle est affreuse ! Solidaire, solidaire de ce monde où les fleurs et le vent ne feront jamais pardonner tout le reste. »</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">(Camus <em>Carnets</em> novembre 1940)</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"> </p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">*C'est celle de Ternay dans le Rhône. L'avancée allemande au printemps 40 force <em>France-Soir </em>où Camus travaille à se replier sur Clermont-Ferrand, puis Bordeaux, puis de nouveau Clermont-Ferrand, et enfin Lyon où Camus se mariera en décembre et perdra son poste avant de regagner Oran avec sa femme.</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"> </p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">On retrouve ici la constante des pensées de Camus en ce début de guerre : la perception aiguë du scandale d'une dissonance : d'un côté la beauté et la vie de la nature, de l'autre le comportement auto-suicidaire qui s'empare des peuples. Sous l'effet de l'aliénation, forcée ou parfois (là est le grand scandale) consentie à quelques hommes inhumains, dont les jeux de pouvoir privent les autres de l'accès aux bonheurs simples de leur vie, de la vie elle-même parfois.</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Une vie que le contact avec la nature, "sa" nature, fait persévérer en lui, en ces jours où la mort semble la seule vérité .</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>« L'eau glacée des bains de printemps. Les méduses mortes sur la plage : une gelée qui rentre peu à peu dans le sable. Les immenses dunes de sable pâle. – La mer et le sable, ces deux déserts. » </em>(21 mars 1941)</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"> </p>
Ariane Bethhttp://leblogdarianebeth.blogspirit.com/about.htmlEtranger étrangertag:leblogdarianebeth.blogspirit.com,2023-10-20:33497362023-10-20T08:08:52+02:002023-10-20T08:08:52+02:00 « Ce qu'il y a de haïssable à Paris : la tendresse, le...
<p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>« Ce qu'il y a de haïssable à Paris : la tendresse, le sentiment, la hideuse sentimentalité qui voit joli ce qui est beau et trouve beau le joli. La tendresse et le désespoir de ces ciels brouillés, des toits luisants, de cette pluie interminable.</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>Ce qu'il y a d'exaltant : la terrible solitude. Comme remède à la vie en société : la grande ville. C'est désormais le seul désert praticable. Le corps ici n'a plus de prestige. Il est couvert, caché sous des peaux informes. Il n'y a que l'âme, l'âme avec tous ses débordements, ses ivrogneries, ses intempérances d'émotion pleurarde et le reste. Mais l'âme aussi avec sa seule grandeur : la solitude silencieuse. » </em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">(Camus <em>Carnets</em> mars 1940)</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"> </p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>« D'où vient que savoir rester seul à Paris un an dans une chambre pauvre apprend plus à l'homme que cent salons littéraires et quarante ans d'expérience de la ''vie parisienne''. C'est une chose dure, affreuse, parfois torturante, et toujours si près de la folie. Mais dans ce voisinage, la qualité d'un homme doit se tremper et s'affirmer – ou périr. Mais si elle périt, c'est qu'elle n'était pas assez forte pour vivre. »</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"> </p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>« Le petit soldat espagnol au restaurant. Pas un mot de français et ce désir de chaleur humaine quand il s'adresse à moi. Paysan d'Estrémadure, combattant républicain, camp de concentration d'Argelès, engagé dans l'armée française. Quand il prononce le nom d'Espagne, il a tout son ciel dans les yeux. Il a huit jours de permission. Il est venu à Paris qui l'a broyé en quelques heures. Sans un mot de français, s'égarant dans le métro, étranger, étranger à tout ce qui n'est pas sa terre, sa joie sera de retrouver ses amis du régiment. Et même s'il doit crever sous un ciel bas et des boues grasses, ce sera du moins côte à côte avec des hommes de son pays. »</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"> </p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>« Mai. ''L'Étranger'' est terminé. »</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"> </p>
Ariane Bethhttp://leblogdarianebeth.blogspirit.com/about.htmlEt tout m'est étrangertag:leblogdarianebeth.blogspirit.com,2023-10-18:33496582023-10-18T08:02:39+02:002023-10-18T08:02:39+02:00 « Que signifie ce réveil soudain – dans cette chambre obscure –...
<p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>« Que signifie ce réveil soudain – dans cette chambre obscure – avec les bruits d'une ville tout d'un coup étrangère? Et tout m'est étranger, tout, sans un être à moi, sans un lieu où refermer cette plaie. Que fais-je ici, à quoi riment ces gestes, ces sourires ? Je ne suis pas d'ici – pas d'ailleurs non plus. Et le monde n'est plus qu'un paysage inconnu où mon cœur ne trouve plus d'appuis. Étranger, qui peut savoir ce que ce mot veut dire. »</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">(Camus <em>Carnets</em> mars 40)</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"> </p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>« Étranger, avouer que tout m'est étranger.</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>Maintenant que tout est net, attendre et ne rien épargner. Travailler du moins de manière à parfaire à la fois le silence et la création. Tout le reste, tout le reste, quoi qu'il advienne, est indifférent. »</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"> </p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>« De plus en plus, devant le monde des hommes, la seule réaction est l'individualisme. L'homme est à lui seul sa propre fin. Tout ce qu'on tente pour le bien de tous finit par l'échec. Même si l'on veut toutefois le tenter, il est convenable de le faire avec le mépris voulu. Se retirer tout entier et jouer son jeu. (Idiot.) »</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Le mot d'idiot rajouté en parenthèse peut s'interpréter je trouve de deux manières. </span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Ou bien il signifie « ce que je viens d'écrire est idiot, ce n'est pas ce que je pense, et me désolidariser ainsi du monde et des hommes n'est pas ce que je veux. »</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Ou bien, plus probablement, Camus pense ici au roman de Dostoïevski, à l'attitude du prince Mychkine, qui, ayant échoué dans sa tentative <em>pour le bien de tous, </em>finit par <em>se retirer tout entier et jouer son jeu. </em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Les deux interprétations ne sont pas incompatibles. Camus saura d'ailleurs en faire la synthèse, s'assumant « solitaire-solidaire ».</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Mais le plus clair dans ces trois citations, c'est le sentiment de dépression qui assaille Camus dans son exil parisien, loin de sa belle et lumineuse terre d'Algérie, à laquelle il est si profondément lié, d'un lien charnel qui nourrira de nombreux écrits.</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"> </p>
Ariane Bethhttp://leblogdarianebeth.blogspirit.com/about.htmlUne métaphysique de myopetag:leblogdarianebeth.blogspirit.com,2023-10-15:33495432023-10-15T08:45:07+02:002023-10-15T08:45:07+02:00 « Don Quichotte et La Pallice. La Pallice. – Un quart...
<p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>« Don Quichotte et La Pallice.</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>La Pallice. – Un quart d'heure avant ma mort j'étais encore en vie. Ceci a suffi à ma gloire. Mais cette gloire est usurpée. Ma vraie philosophie est qu'un quart d'heure après ma mort, je ne serai plus en vie.</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>Don Quichotte. – Oui, j'ai combattu des moulins à vent. Car il est profondément indifférent de combattre les moulins à vent ou les géants. Tellement indifférent qu'il est facile de les confondre. J'ai une métaphysique de myope. » </em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">(Camus <em>Carnets</em> novembre 39)</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"> </p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Métaphysique de myope qui caractérise bien la conception de l'absurde de Camus. Une myopie qui est sans doute la seule chose qui puisse éviter le suicide de Sisyphe.</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"> </p>
Ariane Bethhttp://leblogdarianebeth.blogspirit.com/about.htmlLes tours d'ivoire sont tombéestag:leblogdarianebeth.blogspirit.com,2023-10-13:33494472023-10-13T08:50:16+02:002023-10-13T08:50:16+02:00 « Il est toujours vain de vouloir se désolidariser, serait-ce de la...
<p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>« Il est toujours vain de vouloir se désolidariser, serait-ce de la bêtise et de la cruauté des autres. On ne peut dire ''Je l'ignore''. On collabore ou on la combat. Rien n'est moins excusable que la guerre et l'appel aux haines nationales. Mais une fois la guerre survenue, il est vain et lâche de vouloir s'en écarter sous le prétexte qu'on n'en est pas responsable. Les tours d'ivoire sont tombées. La complaisance est interdite pour soi-même et pour les autres.</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>Juger un événement est impossible et immoral si c'est du dehors. C'est au sein de cet absurde malheur qu'on conserve le droit de le mépriser.</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>La réaction d'un individu n'a aucune importance en soi. Elle peut servir à quelque chose mais ne justifie rien. Vouloir, par le dilettantisme, planer et se séparer de son milieu, c'est faire l'épreuve de la plus dérisoire des libertés. Voilà pourquoi il fallait que j'essaie de servir. Et si l'on ne veut pas de moi, il faut aussi que j'accepte la position de civil dédaigné. </em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>Dans les deux cas, mon jugement peut demeurer absolu et mon dégoût sans réserves. Dans les deux cas je suis au milieu de la guerre et j'ai le droit d'en juger. D'en juger et d'agir. » </em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">(Camus <em>Carnets</em> septembre 39)</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"> </p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>La complaisance est interdite pour soi-même et pour les autres.</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>Juger un événement est impossible et immoral si c'est du dehors. C'est au sein de cet absurde malheur qu'on conserve le droit de le mépriser.</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Toute la rigueur morale de Camus dans ces lignes. Son sens de l'honneur, son exigence personnelle. Mais ce n'est pas une morale abstraite, au contraire, elle ne peut naître que du fait d'assumer d'être là où l'on est. <em>Planer et se séparer de son milieu, c'est faire l'épreuve de la plus dérisoire des libertés. </em>Et pour lui la liberté peut être qualifiée de bien des manières, mais certes pas de dérisoire. C'est bien elle le seul problème philosophique vraiment sérieux. </span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Une exigence qui est le prix à payer pour ce qu'on pourrait appeler sa « crédibilité » de penseur et de philosophe, ce qui peut lui donner le<em> droit de juger. </em>Une crédibilité dont bien des gens, et bien des penseurs (ou considérés comme tels) n'estiment pas avoir à faire la preuve.</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>Il fallait que j'essaie de servir. </em>Il va en effet par deux fois essayer de s'engager, ce qui lui sera refusé à cause de sa tuberculose.</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"> </p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>« Avec quoi on fait la guerre :</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>1)avec ce que tout le monde connaît ;</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>2)avec le désespoir de ceux qui ne veulent pas la faire ;</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>3)avec l'amour-propre de ceux que rien ne force à partir et qui partent pour ne pas être seuls ;</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>4)avec la faim de ceux qui s'engagent parce qu'ils n'ont plus de situation ;</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>5)avec beaucoup de sentiments nobles tels que :</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em> a)la solidarité dans la souffrance ;</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em> b)le mépris qui ne veut pas s'exprimer ;</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em> c)l'absence de haine.</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>Tout cela est bassement utilisé et tout cela conduit à la mort. » </em>(novembre 39)</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"> </p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Force de cet inventaire à la Prévert conclu sur la dernière phrase en forme de couperet.</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"> </p><p align="JUSTIFY"> </p>
Ariane Bethhttp://leblogdarianebeth.blogspirit.com/about.htmlValable dans chaque hommetag:leblogdarianebeth.blogspirit.com,2023-10-11:33493522023-10-11T08:02:01+02:002023-10-11T08:02:01+02:00 « Il y a une fatalité unique qui est la mort et en dehors de quoi...
<p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>« Il y a une fatalité unique qui est la mort et en dehors de quoi il n'y a plus de fatalité. Dans l'espace de temps qui va de la naissance à la mort, rien n'est fixé : on peut tout changer et même arrêter la guerre et même maintenir la paix, si on le veut assez, beaucoup et longtemps. » </em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">(Camus <em>Carnets</em> septembre 39)</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"> </p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Soulignons, on en a besoin : <em>si on le veut assez, beaucoup et longtemps.</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">On voit ici Camus, après l'intense écoeurement qui l'a saisi en ce début de guerre, se ressaisir grâce à ses convictions existentialistes. On le voit faire appel au volontarisme contre la fatalité. Et aussi contre ses sentiments spontanés :</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>« Règle : chercher d'abord ce qu'il y a de valable dans chaque homme. »</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"> </p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><em>Ce qu'il y a de valable dans chaque homme. </em>Je souligne encore l'emploi du mot homme*, en le mettant en regard d'une phrase dans les citations de la dernière fois : <em>Cette haine et cette violence qu'on sent déjà monter chez les êtres.</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">J'ai un peu l'impression que quand il accuse les défauts, il hésite à parler d'<em>hommes. </em>D'où cet emploi, rare chez lui, du mot <em>être :</em> histoire de diluer la responsabilité. Mais si un humain se ressaisit, qu'on puisse trouver chez lui du <em>valable,</em> alors il mérite à nouveau qu'on dise de lui : c'est un homme. </span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Je suis féministe convaincue certes, mais pas du genre à dénigrer pour autant tous les hommes. Cependant je dois dire que je suis agacée, chez Camus, par l'impensé sur ce point du rapport des genres, son manque de recul sur un phallocentrisme tranquille. </span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Bon question d'époque bien sûr, et aussi de formation philosophique au contact des philosophes grecs, pour qui la pensée, l'honneur, la dignité c'est un truc de mec …</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">... Sauf que : les guerres qu'il y a sur le feu, ce sont des hommes ou des femmes qui les ont initiées ? Je dis ça je dis rien.</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"> </p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">En conclusion : la haine et la violence, les femmes n'y échappent pas certes, mais souligner <em>ce qu'il y a de valable dans chaque homme, </em>ça vaut aussi pour chaque femme.</span></span></span></p><p align="JUSTIFY"> </p><p align="JUSTIFY"> </p><p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">*Voir 16 septembre : <em>ce que valent les philosophes</em></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"> </p>