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  • Faites votre bonheur

     

    « Ce qui, par dessus tout, contribue le plus directement à notre bonheur, c'est une humeur enjouée, car cette bonne qualité trouve de suite sa récompense en elle-même.

    En effet, celui qui est gai a toujours motif de l'être par cela même qu'il l'est. Rien ne peut remplacer aussi complètement tous les autres biens que cette qualité, pendant qu'elle-même ne peut être remplacée par rien.

    Qu'un homme soit jeune, beau, riche et considéré, pour pouvoir juger de son bonheur, la question sera de savoir si, en outre, il est gai ; en revanche, est-il gai, alors peu importe qu'il soit jeune ou vieux, bien fait ou bossu, pauvre ou riche : il est heureux. »

    Schopenhauer (Parerga et paralipomena)

     

    Dieu m'amuse, il est clair que la joie n'a pas de meilleurs chantres que les mélancoliques grand teint. On ne parle bien que de ce qui vous manque, la parole est désir.

    Et affaire de point de vue. Une certaine distance produit une mise en perspective, et on obtient une image plus construite, plus complète.

    Schopenhauer pose ici la différence entre le tempérament, chose intrinsèque à l'individu, et les différentes qualités, qui se révèlent attributs extrinsèques.

    Non seulement richesse ou considération, choses de l'ordre de l'avoir, mais même beauté ou jeunesse, que l'on ressent comme participant davantage de l'être.

    L'humeur enjouée est ainsi donnée à ceux dont c'est l'humeur (dirait aussi M. de la Palice). Rien qu'à eux. Et à ceux-là tout le reste aussi est alors donné par surcroît.

    Tout le reste, c'est à dire la possibilité de jouir de tout. Le monde est à eux.

    N'allez surtout pas me cafarder à Schopenhauer parce qu'il le prendrait mal, mais je trouve que ce raisonnement n'est pas sans rapport avec le concept luthérien d'élection gratuite.

    Ce serait la grâce (que Dieu octroie sans avoir à motiver sa décision style pourquoi untel et pas l'autre) qui sauve, et non les actes.

     

    « Chacun est bien ou mal selon ce qu'il s'en trouve. Non de qui on le croit, mais qui le croit de soi est content. » Essais I,14 (Que le goût des biens et des maux dépend en bonne partie de l'opinion que nous en avons)

    Montaigne, de façon un peu plus moderne, remplace l'humeur, chose innée, donnée sur laquelle on n'a pas de prise, par l'opinion, autrement dit l'idée que l'on peut élaborer de soi.

    Élaboration pas entièrement consciente certes. N'empêche qu'elle nous met concrètement devant une certaine forme de responsabilité active.

    - Et donc implique culpabilité pour les mélancoliques ayant du mal à s'aimer ?

    - Si tu pouvais arrêter de voir le verre à moitié vide, Arthur !