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  • Un mot pour le dire (4/13)

    Il vaut mieux un autre mot pour remplacer péché, tant celui-ci est disqualifié, inaudible, usé voire abusé.

    De quoi s'agit-il ? D'une réalité qui s'appréhende sur un mode négatif, comme un manque.

    L'impuissance à s'ouvrir à l'autre, à agir pour et surtout avec lui. Spinoza dirait : le défaut conjoint d'animositas et de generositas. (cf ce blog 1er mars 2016)

    On pourrait forger un mot : nonautrisme, dégénérosité, inaptautrude. Pas terrible. Ben oui à réalité moche mot inélégant.

    Mais il ne faut jamais céder sur l'élégance, rempart à la bourrinitude, alors on va dire disgrâce.

    Qui dit disgrâce dit d'abord grâce, c'est à dire dit quoi ?

    C'est pas simple chez Robert. Il classe les sens en 3 groupes.

    1) grâce en tant qu'action, comportement

    a)attitude aimable b)faveur divine c)disposition à faire de faveurs.

    2) grâce reconnaissance d'un bienfait : rendre grâce, ne pas être ingrat.

    3) grâce comme ce qui est agréable chez quelqu'un, l'attrait, le charme, ou le fait d'être gentil, sympa, bien disposé, de bonne grâce.

    Mais peut être le plus parlant est que dans mon Robert figurez-vous que grâce vient après grabuge. Éloquent, non ?

     

    La disgrâce est donc inversement

    1) l'incapacité à faire une faveur, ou la perte d'une faveur.

    C’est par exemple ce qui arrive au bon vieux Caïn. Il espérait le regard bienveillant de Dieu, et non.

    De même, quand un président de la République, dans un temps variable après son élection (notons le possible emploi religieux du terme) baisse dans les sondages, on dit qu’il perd l’état de grâce.

    2) l’incapacité à être agréable. Sans charme, non tant parce qu'on serait moche, au physique ingrat, que parce qu'on est grognon et de mauvaise grâce.

    3) l'incapacité à reconnaître les dons reçus. L'attitude de l'ingrat dit quoi ? Que le don qu'on lui a fait, de son point de vue, était au contraire un dû. Il n'a donc pas à en rendre grâce, à en remercier.

    Et même souvent il en veut plus ou moins consciemment à qui lui donne. Il ne voit le don que comme réponse à un manque (donc sa mise en lumière humiliante).

    La disgrâce en ce sens est l'incapacité à concevoir la gratuité.