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  • L'avarice ou le vif argent (9/13)

    La parole est d'argent et le silence est d'or. D'où le secret bancaire, d'où l'extrême discrétion des vrais riches sur leur fortune (et pas seulement auprès du fisc).

    À propos d'argent, il faut cependant dire une chose : il n'est pas seulement négatif. Du point de vue éthique je veux dire.

    Car certes de tous les autres points de vue sa positivité saute aux yeux. Par exemple si on met en perspective le solde de son compte en banque et la somme des factures que l'on a à acquitter.

    L'argent fut positif au plan éthique car

    1) sa création fut libération pour l'humanité. Finie l'obligation de rester attaché à une terre pour subsister.

    2) en tant qu'équivalent universel il détacha du fétichisme de la chose pour la chose. Arracha au tangible et à l'immédiat, ouvrit le monde symbolique.

    3) son fonctionnement ne pouvait reposer que sur la confiance.

    L'ennui c'est que tout ça c'est fini.

     

    L'argent lui-même est fétichisé, a cessé d'être un moyen d'équivalence pour devenir une fin.

    Quant à la confiance, pour quelqu'un de sain d'esprit, elle est incompatible avec le fonctionnement bancaire et boursier actuels, arnaqueurs par structure. (Je ne m'étends pas voir les crises les plus récentes, disons depuis 2008).

    Notre système actuel, la religion du capitalisme financier, a ainsi tué son dieu à force de l'honorer. Le vif-argent est mort.

    Quoi qu'on en dise, quelque discours qu'on tienne sur la circulation des capitaux. Les capitaux circulent, mais pas la richesse. Au contraire ils ne circulent que pour se concentrer. Telle est la vérité de la mondialisation.

    Et tel est le visage difforme, vraiment disgracieux, de l'avarice contemporaine.

    De nos jours l'avare capitaliste-financier se prétend en outre créateur de richesse. Harpagon, lui au moins, se contentait d'accaparer les richesses et ne prétendait pas les créer.

     

    Ajoutons que l'avarice concerne l'argent et les possessions matérielles mais pas seulement.

    L'Avare Harpagon est un vieux. Un vieux salaud qui jouit du pouvoir que lui donne l'argent sur les jeunes. Au lieu de partager avec ses enfants, il les réduit à attendre sa mort pour vivre.

    Entre autres il vend sa fille à un vieux pour économiser la dot, tout en s'achetant une jeunette pour son propre compte. (À relire, ô lecteurs, Molière y est au top de son génie).

    L'avarice de soi existe aussi : s'économiser comme on dit, ne pas donner son temps, son attention, son amour.

    Une avarice qui est avarie de communication, intempérie de partage.