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  • Crédits et discrédits

    On n'en veut pas à ceux que l'on a insultés ; on est, au contraire, disposé à leur reconnaître tous les mérites imaginables. Cette générosité ne se rencontre malheureusement jamais chez l'insulté.

    Cioran (Aveux et anathèmes)

     

    Ah j'ai trop parlé la dernière fois : ça c'est aveuglément optimiste.

    J'observe plutôt que les gens vous en veulent du mal qu'il vous font, du manque d'égards qu'ils ont envers vous.

    Quant à la générosité de l'insulté pour l'insulteur elle n'est pas si rare. Variante du syndrome de Stockholm peut être. Ou sagesse de se dire avec Zarathoustra ce n'est pas ta destinée d'être un chasse-mouches.

     

    Que nous puissions être blessés par ceux-là même que nous méprisons discrédite l'orgueil.

    Quoique. Le plus blessant n'est-il pas d'éprouver du mépris, de se découvrir capable de mépriser ? Là l'orgueil en prend un coup.

     

    Le meilleur moyen de se débarrasser d'un ennemi est d'en dire partout du bien. On le lui répétera, et il n'aura plus la force de vous nuire : vous avez brisé son ressort … Il mènera toujours campagne contre vous mais sans vigueur ni suite, car inconsciemment il aura cessé de vous haïr. Il est vaincu, tout en ignorant sa défaite.

    Voilà qui sent son La Bruyère (membre du club des MNA canal historique cf 20-4 note Compagnonnages). Cependant on peut considérer les choses sous un angle relativement positif.

    On n'est pas si loin de Spinoza quand il parle de vaincre par l'amour : et ceux qu'il vainc perdent joyeux ... (Éthique Partie 4 scolie prop 46).

    En fait on a ici comme un négatif de Spinoza. Cioran et lui arrivent à la même conclusion, mais l'un par la face lumineuse, l'autre par la sombre.

    Après tout, l'essentiel c'est le résultat dira-t-on. C'est vrai, mais je m'aperçois que plus je lis Cioran, plus j'ai envie de relire Spinoza.