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  • Quart d'heure de modestie

    À mesure que la mémoire s'affaiblit, les éloges qu'on nous a prodigués s'effacent au profit des blâmes. Et c'est justice : les premiers, on les a rarement mérités, alors que les seconds jettent quelque clarté sur ce qu'on ignorait de soi-même.

    Cioran (Aveux et anathèmes)

     

    Typologie. Devant un compliment trois réactions possibles.

    1) L'incrédulité correspond à la tendance à se sous-estimer. On interprète l'éloge comme une gentillesse plus ou moins imméritée. (Voire une manipulation ou une moquerie si on est parano).

    2) L'encouragement à poursuivre (subtil ou pas) signale le boulimique du compliment. Une boulimie qui procède d'un narcissisme négatif, d'un besoin d'éloges pour combler un déficit d'ego.

    3) L'accepter simplement (ou le récuser de même) est la signature d'un ego équilibré, ni souffreteux ni hypertrophié.

    Exemple au hasard :

    De dire moins de soi qu'il n'y en a, c'est sottise, non modestie. De dire de soi plus qu'il n'y en a, ce n'est pas toujours présomption, c'est encore souvent sottise.

    (Essais II,6 De l'exercitation)

     

    Il y a du charlatan en quiconque triomphe dans quelque domaine que ce soit.

    C'est vrai le triomphe est souvent le fait d'une auto-promotion persévérante. Et pour ne pas se lasser de faire l'article de soi, il faut croire à son propre boniment, ou au moins y prendre plaisir. Ce qui définit le charlatan.

     

    Le sens aigu du ridicule rend malaisé, voire impossible, le moindre acte. Heureux ceux qui n'en sont pas pourvus ! La Providence aura veillé sur eux.

    Rend malaisée l'action, et ajoutons d'après la phrase précédente, malaisés aussi beaucoup de discours. Le sens du ridicule a beaucoup à voir avec la lucidité. Ce que je sais démolit ce que je veux. (C'est lui qui souligne)

    Peut être aussi que ce que je sais démolit mon envie de le dire.

     

    Il m'est impossible de savoir si je me prends ou non au sérieux. Le drame du détachement, c'est qu'on ne peut en mesurer le progrès. On avance dans un désert, et on ne sait jamais où on en est.

    Si tu te prends au sérieux ? Poser la question est un peu y répondre.

    Mais que le détachement soit par définition non quantifiable ni « traçable », voilà qui est très juste. Les non-dupes errent au désert du détachement.