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  • La passion de la raison (18/22) La vie au gré du vent

    « Lorsqu'on s'est dit qu'il est impossible d'obtenir le bonheur, on est plus près d'atteindre à quelque chose qui lui ressemble ; comme les hommes dérangés dans leur fortune qui ne se retrouvent à l'aise que lorsqu'ils se sont avoué qu'ils étaient ruinés. »

    (G de Staël. De la philosophie)

     

    Un truc qu'on finit toujours plus ou moins par se dire sous l'effet de l'âge.

    « à l'instant où la vieillesse commande une nouvelle manière d'exister, le philosophe seul sait supporter cette transition sans douleur. »

    Genre que philosopher c'est apprendre à mourir ? Exactement.

     

    Et rejoignant Montaigne une fois de plus, Germaine a su qu'apprendre à mourir c'est aussi, c'est surtout, s'attacher à vivre heureux chaque jour du reste de sa vie.

    « Le philosophe, par un grand acte de courage, ayant délivré ses pensées du joug de la passion (...) jouit des douces impressions que chacune de ses idées peut lui valoir tour à tour et séparément. »

    « La philosophie n'est pas de l'insensibilité, quoiqu'elle diminue l'atteinte des vives douleurs. »

     

    Pour diminuer cette atteinte, philosopher c'est viser la liberté. Une liberté faite de légèreté et d'accueil du présent.

    « Ce qui conduirait surtout à penser que la vie est un voyage, c'est que rien n'y semble ordonné comme un séjour.

    Voulez-vous attacher votre existence à l'empire absolu d'une idée et d'un sentiment : tout est obstacle, tout est malheur à chaque pas.

    Voulez-vous laisser aller la vie au gré du vent, qui lui fait doucement parcourir des situations diverses ;

    voulez-vous du plaisir pour chaque jour, sans le faire concourir à l'ensemble du bonheur dans toute la destinée, vous le pouvez facilement. »

     

    Une liberté qui, permettant un rapport apaisé à soi, ouvre à un juste rapport à autrui.

    « La satisfaction que donne la possession de soi, acquise par la méditation, ne ressemble point aux plaisirs de l'homme personnel (auto-centré) ;

    il a besoin des autres ; il exige d'eux, il souffre impatiemment tout ce qui le blesse ; il est dominé par son égoïsme (…)

    mais le bonheur que trouve un philosophe dans la possession de soi est de tous les sentiments, au contraire, celui qui rend le plus indépendant. »

     

    Germaine (qui écrit à Coppet chez papa Necker) termine le chapitre avec une phrase que n'aurait pas reniée son compatriote Jean-Jacques dans ses Rêveries du promeneur solitaire.

    « Dans la retraite, le philosophe n'a de rapports qu'avec le séjour champêtre qui l'environne, et son âme est parfaitement d'accord avec les douces sensations que ce séjour inspire ; elle s'en aide pour penser et vivre. »