"Je doute que nous soyons à même d'entreprendre quoi que ce soit sans qu'une intention entre en ligne de compte. Quand nous utilisons notre appareil psychique dans un but qui n'est pas la satisfaction indispensable de l'un de nos besoins, alors nous le laissons travailler tout seul pour son plaisir, alors nous cherchons à retirer du plaisir de l'activité qui lui est propre. Je suppose que c'est là, d'une façon générale, la condition à laquelle est soumise toute représentation esthétique, mais je m'y connais trop peu en esthétique pour vouloir développer cette proposition jusqu'à son terme."
S.Freud, Le Witz et sa relation à l'inconscient (1905)
Pour la définition du Witz (ou ce qui s'en approche), je vous renvoie, lecteurs, à ma note éponyme du 1er mai dernier. Car ou bien c'est moi qui reformule ou recopie ladite définition, ou bien vous qui allez chercher dans le blog. Je choisis ce qui m'arrange, en vertu de l'exorbitant pouvoir que me confère ma position blogueuse. Situation semblable, je m'en avise à l'instant, à celle de la fin du film Le bon la brute et le truand. C'est cool d'être du bon côté du flingue et/ou du texte. Bref, lecteur, « toi tu creuses », c'est comme ça.
En fait, je suis persuadée que ça n'est pas pour toi un problème-bug-souci, que creuser ne te fait même pas peur. Sinon tu ne serais pas arrivé jusqu'à ces mots ici-même, tu aurais décroché dès la 2° ou au mieux la 3° ligne de la citation de Freud.
Car, c'est là où je voulais en venir (mais parler c'est quoi sinon faire des détours, voir note Blabla du 6 février dernier, ça nous rajeunit pas) ce livre sur le mot d'esprit, la plaisanterie et ce genre de choses, est plutôt un drôle de livre qu'un livre drôle. Il y a bien quelques histoires juives délectablement absurdes. L'ennui c'est que Freud revient en boucle sur toujours les mêmes, analysées de différentes façons à différents moments du livre, dans une construction redondante et circulaire. Mais cela dit, comme redondantitude et circularitage sont souvent mes deux mamelles, je me garde bien de lui jeter la pierre, j'ai trop peur de l'effet boomerang.
Bon c'est pas tout ça, attaquons la citation avec toute la concision qui s'impose. Qui va peut être finir par s'imposer non sans mal.
1° Rien ne se fait sans intention. Qui n'estpas nécessairement un méga-plan très élaboré. L'intention est souvent une simple tendance à la satisfaction des besoins les plus basiques, et la tentative plus ou moins directe d'y parvenir.
2° Lorsque le psychisme a l'air de travailler sans intention, c'est qu'au lieu de travailler pour le compte du besoin, il travaille pour son propre compte.
3° Les activités inutiles, gratuites, absurdes, que se donne le psychisme juste pour le plaisir sont paradoxalement les seules qui lui soient absolument nécessaires pour être ce qu'il est.
4° Parlons spinozien ce sera plus simple, et disons que le Witz (ou autre activité esthétique) est le conatus le plus adéquat de la psyché.