Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Résolument

 

Noël en décembre : bientôt le début d'année. C'est pas tout ça mais faudrait envisager nos bonnes résolutions.

Résolution n°1 « Primum non nocere ».

C'était dit-on la devise d'Hippocrate. Humour ? Excuse souriante à l'inévitable impuissance qui est parfois le lot de la médecine ? Certainement.

Mais aussi rude sagesse. C'est loin d'être facile de ne pas nuire. Nombreuses sont les occasions de nuisances à notre portée, qu'elles soient volontaires ou involontaires. Alors se préoccuper d'abord, en premier lieu et avant tout, de ne pas nuire, c'est non seulement prendre les choses par le bon bout de la raison (dirait Rouletabille), donc la lucidité et le pragmatisme, mais aussi prendre par la même occasion son courage à deux mains.

Bien faire, voire faire du bien : fréquent projet, en tous cas fréquemment annoncé. De bonne ou de mauvaise foi ? Question déterminante. Mais soit : pour la commodité du raisonnement, supposons (y compris en soi) un sincère désir de bien faire. Sa sincérité ne réduit cependant pas la difficulté de sa réalisation.

Or pour résoudre une difficulté, le plus simple est de s'y prendre comme avec une équation, en écrivant des équivalences successives. On s'aperçoit alors que la phrase d'Hippocrate n'est pas une restriction, mais juste une reformulation. Bien faire = ne pas mal faire. (CQFD)

Oui mais comment ?

La formulation négative d'Hippocrate montre un chemin proche (toutes choses égales par ailleurs) du principe de lutte non violente que Gandhi a appelé la non coopération. Il s'agira de réduire à chaque occasion, dans toute la mesure possible (en occupant toute l'étendue du possible qui se présente), sa production de nocivité.

Du coup, primum non nocere ne peut pas être interprété comme une pirouette ou un alibi. Au contraire c'est un programme qui demande résolution sans faille, constant courage.

C'est une révolution à entreprendre, une résistance à tenir, contre la facilité de petits (ou gros) arrangements avec l'injustice (les nôtres et ceux d'autrui), contre le mensonge (fût-ce par omission), contre la politique de l'autruche.

En outre primum non nocere vaccine contre le virus du « mieux » qui est on le sait l'ennemi du bien. Par exemple en suggérant de réduire ses exigences envers autrui. Déjà pas si mal lorsque des autres on reçoit de la non-nuisance. De cela on peut toujours leur savoir gré, sans attendre davantage.

Le précepte est aussi à usage personnel : cesser de se mener la vie dure en exigeant trop de soi. Tu n'arrives pas à faire aussi bien que tu voudrais ? Fais déjà aussi moins-mal que tu peux.

Ou pour le dire avec notre ami des Essais « En un temps où le méchamment faire est si commun, de ne faire qu'inutilement il est comme louable. » (Essais III, 8 De la vanité)

 

Primum non nocere. D'abord passer par là pour arriver un jour qui sait à l'étape seconde, à un « secundum bene facere » ?

 

 

 

Les commentaires sont fermés.