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  • ça cloche

     

    « L'on demande pourquoi tous les hommes ensemble ne composent pas comme une seule nation, et n'ont point voulu parler une même langue, vivre sous les mêmes lois, convenir entre eux des mêmes usages et d'un même culte ;

    et moi, pensant à la contrariété des esprits, des goûts et des sentiments, je suis étonné de voir jusqu'à sept ou huit personnes rassemblées sous un même toit, dans une même enceinte, et composer une seule famille. » La Bruyère Les Caractères (De l'homme 16)

    Marseillaise de naissance, j'habite aujourd'hui un bled de l'Aude, dans la région désormais dite Occitanie. Nom simple, pas un de ces machins à rallonge, où faute d'unifier on a juxtaposé.

    Quoique.

    Figurez-vous que y a les Catalans eh ben y sont pas contents. Occitanie ça parlerait trop de Toulouse. Ville choisie en outre pour capitale régionale. À Montpellier j'imagine qu'ils sont pas trop contents non plus, mais j'ai pas eu vent de leurs sons de cloches.

    Les Catalans, eux, y font des manifs, y saisissent le Conseil d'État. Qui n'a pas mieux à faire que gérer de pathétiques querelles de clochers, hein ?

    Derrière cela, je ne suis pas naïve, sombres calculs touristico-économiques. Les régions, (et à chaque niveau les autres collectivités territoriales incluses en elles comme des poupées gigognes), sont des « marques » concurrentes sur le marché.

    Y a aussi les vexations politiques. D'autant plus que la présidente de région est une femme, pensez. Mais on va pas avouer des choses si mesquines. Alors on parle d'Identité, de Tradition, de Terroir. Croyant que ça sera mieux vu.

    Eh bien pas par moi. Voilà de méchants mots (dirait Labru). Je leur reproche quoi ?

    De regarder dans le rétroviseur, d'être mots immobiles, mots qui assignent à résidence. Bon, la querelle de clochers entre Catalans et Occitans, ça reste folklo, ça fait juste rigoler. Mais ces histoires de Français de souche ...

    Et ailleurs dans le monde, que de ravages du même narcissisme des petites différences, dit Freud dans Psychologie des foules et analyse du moi (1921)

    « Presque tout rapport affectif intime de quelque durée entre deux personnes (conjugale, amicale, parentale et filiale) contient un fond de sentiments négatifs et hostiles (...) Cela est plus apparent chaque fois qu'un associé se querelle avec son collègue, qu'un subordonné grogne contre son supérieur (…)

    De deux villes voisines, chacune devient la concurrente envieuse de l'autre ; le moindre petit canton jette sur l'autre un regard condescendant.

    Des groupes ethniques étroitement apparentés se repoussent réciproquement, l'Allemand du Sud ne peut pas sentir l'Allemand du Nord, l'Anglais dit tout le mal possible de l'Ecossais, l'Espagnol méprise le Portugais.

    Que de plus grandes différences aboutissent à une aversion plus grande à surmonter, celle du Gaulois contre le Germain, de l'Aryen contre le Sémite, du Blanc contre l'Homme de Couleur, cela a cessé de nous étonner. »

    Mais pas de nous atterrer.