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  • Indémodable

     

    « Le courtisan autrefois avait des cheveux, était en chausses et en pourpoint, portait de larges canons, et il était libertin. Cela ne sied plus : il porte une perruque, l'habit serré, le bas uni, et il est dévot : tout se règle par la mode. »

    La Bruyère Les Caractères (De la mode 16)

     

    Le courtisan de Loulou le Versaillais se conformait aux goûts supposés et injonctions avérées dudit pour en obtenir quelque privilège, au moins celui de pouvoir squatter la Cour et y continuer son petit business perso, à l'instar de ses frères ennemis en courtisanerie.

    Le courtisan devait évidemment courtiser à plusieurs étages de la pyramide de la servitude volontaire. Cependant toutes les marches menaient forcément à Loulou car Loulou concentrait le pouvoir.

    L'état c'est moi. Le pouvoir s'incarnait dans sa petite personne rehaussée de talons et de perruques.

    La dévotion fut à la mode à la fin de son règne, pour cause d'influence de la Maintenon, hystérique convertie sur le tard à la psycho-rigidité.

    Disent les historiens avec un tantinet de machisme.

    Comme si Loulou Soleil, entrant dans les zones crépusculaires de sa vie, avait besoin de qui que ce soit pour s'autoriser à y vieuxschnockiser.

     

    « Un dévot est celui qui sous un roi athée, serait athée. » ajoute Labru (De la mode 21)

    Peut être, sauf que le gros souci c'est qu'on manque de rois athées. J'entends athées de toutes les religions, y compris celle du Marché Mondialisé, celle de la Nation Barricadée.

    Qui d'ailleurs à l'occasion se combinent allègrement avec les religions homologuées.

    Et ce qui est encore plus grave, c'est que ce n'est que superficiellement une affaire de mode. Car, comme le dit La Bruyère dans la sentence la plus déprimante de son livre :

    « Les hommes en un sens ne sont point légers, ou ne le sont que dans les petites choses. Ils changent leurs habits, leur langage, les dehors, les bienséances ; ils gardent leurs mœurs toujours mauvaises, fermes et constants dans le mal, ou dans l'indifférence pour la vertu. » (De l'homme 2)

     

    Nous voilà bien habillés pour l'hiver.