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Luciole on the earth ...

« Les religions sont comme les vers luisants : pour briller, il leur faut l'obscurité. » Schopenhauer (Parerga et paralipomena)

 

Voilà un aphorisme fort réussi, et qui se passe de commentaires. Mais on se refait pas : comment m'empêcher d'en dire deux ou trois trucs ?

C'est vraiment une jolie trouvaille, aussi poétique qu'ironique, cette image des vers luisants.

Évocation de célébrations nocturnes, lumignons en procession, bougies allumées pour Hanouka, Pâques ou Noël, cierges tremblotants dans la pénombre des nefs.

Car les religions souscrivent à la phrase de Schopenhauer, sauf que leur vision est à l'inverse. Elles affirment que la lumière est de leur côté.

La lumière a brillé dans les ténèbres. (Évangile de Jean) Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une lumière. (Livre d'Isaïe)

Alors comment discerner ce qui est pour de bon lumière et ce qui est obscurité, que l'on soit religieux ou pas, croyant ou sceptique, athée, agnostique ?

L'ennui c'est que c'est un peu comme à gauche la question de la division : chacun soutient que c'est du fait de l'autre. 

Les religions diront : ce monde est plongé dans les ténèbres, nous lui apportons la lumière. Selon les religions, les époques, on ne mettra pas tout à fait la même chose dans les ténèbres (et consécutivement dans la lumière).

Exemple pour l'inquisiteur catholique c'était ténèbre que l'hérésie, lumière la flamme d'un bel autodafé (= acte de foi). Brûlez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens.

On aurait pu espérer que cette conception du monde fasse long feu. Mais non. De nos jours, d'autres inquisiteurs d'autres religions (ou aussi de la même) ont repris le flambeau, contre la société sécularisée des mécréants.

(Sans compter que des bûchers s'allument aussi de courant à courant, de secte à secte à l'intérieur-même des religions, et ce ne sont pas les moins ravageurs, narcissisme des petites différences oblige).

 

Et pourtant elles étaient venues au monde, les Lumières, elles avaient brillé dans les ténèbres de l'obscurantisme. Le monde en était devenu plus lucide, croyions-nous. Plus apte à la raison et à la rationalité.

Sauf que la véritable difficulté, c'est d'en devenir plus généreux, décidé à prendre soin en soi et en l'autre de l'humain. Mais nous mesurons à tout propos combien un tel effort est surhumain, combien incertaines ses concrétisations.

Contre la violence qui terrorise, contre les discours mensongers qui aliènent, contre la bêtise qui aveulit, nos pauvres Lumières sont tellement fragiles, petites lucioles perdues dans la nuit.

 

 

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