L'usure du ressort civil produit ce que Rousseau nomme un moment de fermentation, où chacun s'occupe de son rang et non du péril (qui menace l'ensemble du corps social).
On serait dans un de ces moments de fermentation que ça ne m'étonnerait pas.
Dans la plupart des États de la planète où existe encore un peuple au sens de Rousseau, c'est à dire ceux dont le fonctionnement se veut démocratique (au moins en droit sinon parfaitement en fait), on a comme l'impression que chaque parti, association, syndicat, est plus soucieux du maintien de son rang que des périls.
(Périls mineurs il est vrai, genre désastre écologique, menaces terroristes, instabilité géopolitique et économique …). Ils mettent leur énergie à rivaliser entre eux au lieu de s'allier, de coopérer en vue du bien commun (qui commence par l'évitement des maux).
Y a des jours on a envie de leur rappeler la devise d'Hippocrate primum non nocere*.
Et ce qui est vrai des partis à l'intérieur d'une nation l'est aussi entre nations si l'on considère des ensembles tels que l'Europe par exemple au hasard. Je sais je l'ai déjà dit.
Mais cette rivalité absurde est tellement sidérante. Et si lourde de menaces vu les ressorts incivils utilisés (genre peur haineuse des immigrés).
Quant aux (nombreux) États du monde où la tyrannie est bel et bien installée (quoique moche et mauvaise), la fermentation a déjà viré en gangrène du corps social (dont un symptôme est logiquement la corruption en termes sonnants et trébuchants, et à tous niveaux).
Mais soyons optimistes : assignés à la barbarie (cf ce mot note précédente), les habitants de tels États peuvent (re)trouver la motivation et le courage d'acquérir leur liberté.
Pour nous ici aujourd'hui la question est moins périlleuse mais aussi décisive : trouver les moyens de remettre en bon état de fonctionnement notre ressort civil.
Il est clair que ce n'est pas un boulot pour frimeurs ou boute-feu irresponsables, mais pour artisan(e)s patients et consciencieux.
L'ennui c'est qu'il y a foule chez les premiers et que les seconds sont bien rares.
* D'abord ne pas nuire.