Vous avez beau déserter telle croyance religieuse ou politique, vous conserverez la ténacité et l'intolérance qui vous avaient poussé à l'adopter. Vous serez toujours furieux, mais votre fureur sera dirigée contre la croyance abandonnée ; le fanatisme, lié à votre essence, y persistera indépendamment des convictions que vous pouvez défendre ou rejeter. Le fond, votre fond, demeure le même, et ce n'est pas en changeant d'opinions que vous arriverez à le modifier.
Cioran (Aveux et anathèmes)
Belle analyse du je ne sais quoi de totalitaire qui caractérise souvent le militantisme, le dogmatisme prêcheur. Ce comportement furieusement irrationnel auquel horreurs et erreurs historiques doivent tout.
Avoir crié ses doutes sur les toits, tout en se réclamant de l'école de discrétion qu'est le scepticisme.
Discrétion est à entendre au sens propre. L'art de discriminer, de faire des différences. Et plus on se met à les observer, plus on en découvre. Si bien que le scepticisme, qui a le doute pour moteur, ne peut que s'abstenir de toute proclamation, fût-elle de doute.
Conclusion : s'il y a quelque chose dont un sceptique peut douter, c'est parvenir à vraiment l'être. Comme les droites parallèles ne sont sécantes qu'à l'infini, le sceptique n'est tel qu'à l'indéfini.
Plus que tout me répugne le doute méthodique. Je veux bien douter, mais à mes heures seulement.
Et surtout pas de moi ...