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Un loup pour l'homme

« D'un certain point de vue, les hommes sont nos proches et nous devons leur faire du bien et les supporter. Mais dans la mesure où certains menacent mes propres actions, l'homme me devient indifférent au même titre que le soleil, le vent ou une bête sauvage. Il se pourrait qu'ils entravent l'une de mes activités, mais pas mon impulsion ni ma disposition : ces entraves-là, je les écarte et les renverse. En effet pour réaliser son projet, la pensée renverse et déplace tout obstacle à son activité ; ce qui gênait une action prend la place de l'action et ce qui barrait le chemin, celle du chemin. »

(Marc-Aurèle. Pensées pour moi-même V,20)

 

Pour être philosophe on n'en est pas moins empereur. Un empereur qui aurait médité par avance son Machiavel. Avec, tout aussi anachroniquement, un soupçon d'Attila dans la métaphore finale.

Et un tantinet de mégalomanie par la correspondance implicite : moi l'empereur je suis l'esprit, la raison, les autres sont la matière que j'informe. Un je ne sais quoi de désagréablement hégélien, non ?

Quoique. On peut y voir aussi une formulation un peu rude et directe du conatus spinoziste.

 

« Ce qui n'est pas nuisible à la cité ne nuit pas non plus au citoyen. Chaque fois que tu t'imagines qu'on t'a nui, applique cette règle : si cela ne nuit pas à la cité, cela ne me nuit pas non plus. - Mais si cela nuit à la cité, inutile de se fâcher contre le responsable. Il suffit de lui signaler sa méprise. »

(Pensées pour moi-même V, 22)

Après Hegel ou Spinoza, y a du Rousseau dans cette perception du faire corps avec la cité. Quant à il suffit … Ouais ouais … Mais d'accord, c'est pas une raison pour renoncer à expliquer.

Quoique ? Voilà qui nous ramène aux questions de la dernière fois : le responsable des nuisances est-il juste con ou vraiment méchant ?

S'il est con (et/ou dans l'erreur), on peut tenter quelque chose, mais si c'est un méchant, un vrai ? Mission impossible.

 

« Rechercher l'impossible est de la folie. Or, il est impossible que les méchants ne fassent rien de mal. » (Pensées pour moi-même V,17)

Reste à supporter. Au stoïcisme comme au stoïcisme.

 

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