« Habitue-toi à être très attentif aux propos d'autrui ; essaye de pénétrer le plus possible dans l'âme de celui qui parle. »
(Marc-Aurèle. Pensées pour moi-même VI,53)
Une attention indispensable dans la situation de Marc-Aurèle. Un gouvernant doit être capable de décoder toutes les informations qui se présentent à lui, et avec le maximum de fiabilité.
C'est parfois une question de survie. Le tyran doit s'attendre à des complots visant son renversement (et malheureusement pour des motifs pas toujours démocratiques) (mais c'est pas le sujet du jour).
Et le gouvernant qui, parce qu'il essaie à l'inverse de faire avancer le bien public, gêne un maximum de caïmans du marigot, il a intérêt à se tenir sur ses gardes tout pareil.
(Oui en fait gouverner incite à la paranoïa) (à la mégalomanie aussi) (du coup quand on n'est pas trop sain d'esprit au départ, on est plus vite au top) (tout s'explique).
Mais le conseil que s'adresse ici Marc-Aurèle peut avoir une valeur plus générale, et surtout plus positive. Vraiment prêter attention à autrui, à ce qu'il dit, fait, est, ressent, permet de le comprendre avec précision.
Et par là de prendre en compte avec justesse, dans le cadre du commerce humain qui nous lie, sa demande comme son offre. Ses besoins et désirs à articuler aux nôtres.
Cependant pénétrer le plus possible dans l'âme ça fait un peu campagne militaire, ou augmentation de parts de marché (pour rester dans la métaphore commerciale), ou encore inquisition.
L'attention et compréhension peuvent passer par une attitude nettement plus souple. Par exemple l'écoute flottante assortie de neutralité bienveillante sur laquelle repose le dispositif thérapeutique de la psychanalyse.
« Il faut suivre mot à mot ce qu'on dit et pas à pas ce qui arrive. Dans le second cas, il s'agit de discerner tout de suite le but de l'impulsion et dans le premier de s'attacher à la signification du mot. »
(Pensées pour moi-même VII, 4)
Oui décidément : analytique, freudien. Je dirais même plus : lacanien.