« Veille à ne jamais éprouver à l'égard des misanthropes ce que les misanthropes éprouvent à l'égard des hommes. »
(Marc-Aurèle. Pensées pour moi-même VII, 65)
Voilà un travers, je le confesse, que j'ai du mal à éviter. Par exemple, je m'en suis donné à cœur joie avec ce pauvre Cioran (31-03-19 au 16-06-19). En fait je ne le regrette pas, on y trouve un indéniable plaisir.
Comment l'expliquer ?
Du point de vue cinématographique, c'est évident, on a affaire au bon vieux gag de l'arroseur arrosé. Et c'est un truc qui fait toujours rire, on n'y peut rien.
Du point de vue logico-mathématique, avisons-nous de ceci que misanthroper un misanthrope est en quelque sorte annuler sa négativité, selon la règle apprise en calcul à l'école : « moins par moins égale plus ».
Règle dont la transcription éthico-spinoziste serait : la diminution de tristesse est accroissement de joie.
Et par là d'activité.
Ce qui amène à remarquer que les misanthropes sont peu portés à l'action en général.
Est-ce à dire que les misomisanthropes le seraient davantage ? Passionnant problème éthico-mathématique dont on doit préciser l'énoncé :
la misomisanthropie doit-elle être envisagée selon la règle moins par moins? Ou doit-elle être considérée comme de la misanthropie au carré ? On me dira qu'est-ce que ça change ?
Bonne question …
Tu dis quoi, lecteur-trice ? Tu en as un peu marre de ces ergotages vains & absurdes ? J'admets.
Mais avisons-nous de leur éventuel effet positif : dégoûtés de l'abstraction, ses inanités et ses possibles perversions, nous finirons par nous satisfaire du commerce de n'importe lequel de nos semblables humains. Que nous supposerons pour l'occasion pas trop con et pas trop méchant.
Tu dis quoi lecteur-trice ? Ben oui, mais de temps en temps faut risquer des hypothèses osées, c'est comme ça que la science avance.