« Que chacune de tes actions complète la vie sociale, comme toi-même tu complètes la communauté. Toute action de toi qui n'aurait pas de rapport, de près ou de loin, avec une finalité sociale disperse la vie, la divise, est séditieuse, comme celui qui, au sein d'une démocratie, se retire de la participation à l'assemblée. »
(Marc-Aurèle. Pensées pour moi-même IX, 23)
L'avantage de la double casquette empereur et philosophe sans doute, Marc-Aurèle ne cherche pas à se retirer bien peinard sur son Aventin personnel. Son sens de la responsabilité l'oblige à assumer sa situation.
Il échappe ainsi à certains travers d'une pseudo-philosophie narcissique de « travail sur soi », qui est rarement, malgré le discours affiché, un travail pour les autres.
Au fait (ou pas), à propos de compléter la communauté, je m'avise que les grands absents de ces Pensées sont les femmes, les enfants.
Non que Marco, j'imagine, manquait d'intérêt pour les unes et les autres.
C'est plutôt qu'il ne voyait sans doute pas comment les inclure dans le cadre de sa pensée, (sinon dans celui de la communauté).
Voire les inclure dans le fait (et le droit) de penser philosophiquement (et selon le logos politikos) ? Et d'intervenir dans la vie sociale à ce titre (ou à quelque titre que ce soit) ?
Difficile, hein, Marco, d'échapper à ce genre de préjugés ?
Cela dit, notre époque … Oui, quelques progrès çà et là, erratiques. Mais globalement, peut-on vraiment lui faire la leçon sur ce point ?