« Ou bien une fatalité du destin et un ordre inviolable, ou bien une providence exorable, ou bien un chaos livré au hasard aveugle. Si c'est une fatalité inviolable, pourquoi y résister ? Si c'est une providence conciliable, rends-toi digne de l'assistance divine. Si c'est un chaos sans guide, contente-toi, au milieu de cette tempête, de posséder en toi-même assez d'intelligence pour te guider. Et si la tempête t'emporte, qu'elle emporte ta chair, ton souffle et le reste, elle n'emportera pas ton intelligence. »
(Marc-Aurèle. Pensées pour moi-même XII, 14)
Elle n'emportera pas ton intelligence peut être (je vois pas comment mais admettons). Sauf que comme elle aura emporté tout le reste, du coup tu ne pourras pas le savoir : plus de support pour la lampe (cf En éclairant ce qui la supporte).
« Il serait plus élégant de quitter les hommes sans avoir goûté au mensonge, à l'hypocrisie, au dédain, ni à l'orgueil. Rendre l'âme en étant écoeuré est une sortie de secours. Tu préfères persister dans le vice ? L'expérience ne t'a pas encore persuadé d'éviter cette peste ? (La corruption de l'intelligence est en effet bien plus pestilentielle que la pollution atmosphérique : cette peste-là concerne les animaux en tant qu'animaux ; celle-ci les hommes en tant qu'hommes) ». (Pensées pour moi-même IX, 2)
« Il faut que l'homme simple et bon soit comme celui qui pue le bouc, c'est à dire qu'en s'approchant de lui, on le sente, qu'on le veuille ou non. » (Pensées pour moi-même XI, 15)
C'est pas ainsi que j'imaginais l'odeur de sainteté. Comme quoi, le préjugé, l'opinion … Mais que la corruption de l'intelligence rende l'air irrespirable, là y a jamais eu besoin qu'on me fasse un dessin.
Je m'avise en outre que la phrase de Marco, pour nous aujourd'hui, n'est plus seulement une métaphore. La réalité dépasse la littérature. La formulation esthétique accuse le problème pratique.*
Car aujourd'hui c'est la corruption de l'intelligence (mère dénaturée de toutes les autres corruptions) qui est directement à la source de la pollution atmosphérique.
*À l'inverse de la phrase de Stanislavski Il n'y a pas de problèmes pratiques il n'y a que des solutions esthétiques. (Encore une phrase fétiche objet de mon radotage).