J'ai lu Soif d'Amélie Nothomb. J'aime cet auteur, la lecture de chaque livre est comme une rencontre avec une amie.
Peu importe le sujet, qui d'ailleurs est parfois fort mince. C'est l'écriture avant tout qui m'accroche chez un auteur, et l'écriture d'Amélie vraiment me parle.
C'est intelligent, mais sans rien qui pèse et qui pose (comme dit Verlaine). On sent sa présence, la présence d'un vrai quelqu'un. Mais sans étalement, une présence qui ne s'impose pas, une présence polie. Voilà, polie ça lui va bien à Amélie.
Cela je le ressens depuis longtemps. Ce que j'ai compris en lisant Soif, c'est pourquoi je me sens toujours si bien après avoir lu du Nothomb, légèrement euphorique.
Son écriture est affirmative. Et pour cela elle m'affermit.
Entendons-nous : affirmatif ne veut pas dire péremptoire. Ce serait presque le contraire. Il s'agit d'un mouvement que Nietzsche a formulé mieux que quiconque.
« Je ne veux pas faire la guerre au laid. Je ne veux pas accuser, je ne veux même pas accuser les accusateurs. Que regarder ailleurs soit mon unique négation ! En somme toute, en grand : je veux même, en toutes circonstances, n'être plus qu'un homme qui dit oui ! » (Le Gai savoir Pour la nouvelle année).
Le Jésus de Soif pourrait souscrire il me semble à ces paroles.
(Tiens oui ce livre ne serait-il pas un peu l'Ecce homo d'Amélie ?)
Et puis elle a aussi une autre qualité nietzschéenne, la légèreté.
« Je me rappelle avoir marché des journées entières sur les chemins en me félicitant d'être heureux de rien. Je n'étais pas heureux de rien, je savourais la légèreté. » (Soif)