Au chapitre suivant, Freud revient sur le comportement régressif de l'individu enfoulé :
« Les signes d'affaiblissement du rendement intellectuel et de désinhibition de l'affectivité, l'incapacité de se modérer et de temporiser, la tendance au dépassement de toutes les limites dans l'expression des sentiments et à leur décharge totale dans l'action. »
(Psychologie des foules et analyse du moi chap.9 La pulsion grégaire).
Une telle régression est inhérente davantage aux foules ordinaires (un mot encore après éphémères et primaires) (le flou lexical signe les tâtonnements de la réflexion) qu'aux foules artificielles, hautement organisées.
« Ainsi avons-nous l'impression d'un état dans lequel la motion affective isolée et l'acte intellectuel personnel de l'individu sont trop faibles pour se faire valoir seuls et sont absolument forcés d'attendre que la confirmation leur vienne d'une répétition identique chez les autres. »
(Toute ressemblance avec la recherche de clics approbateurs sur les réseaux sociaux n'est pas fortuite).
Et du coup forcément « l'énigme de l'influence de la suggestion s'accroît pour nous (…) et nous nous faisons le reproche d'avoir mis unilatéralement l'accent sur la relation au meneur, en repoussant injustement celui de la suggestion réciproque. »
Parenthèse. Les écrits de Freud, s'ils sont intéressants par leur contenu, le sont au moins autant par leur mode de formulation. Freud associe le lecteur à sa réflexion en lui présentant au fur et à mesure les divers états d'un work in progress.
Bon quiconque connaît un peu le bonhomme saura corriger en « ce qu'il donne pour » un work in progress. Vieille ficelle rhétorique de captatio benevolentiae.
Pour ma part je marche, malgré la petite manipulation.
J'y lis surtout une paradoxale et touchante naïveté dans l'exposition de son désir d'auteur :
« ne me lâche pas lecteur, sans toi je parle dans le vide. Même si Onfray ou d'autres trouvent que je parle pour ne rien dire, c'est pas grave. Car le pire, vois-tu, c'est de ne parler pour personne. »
Commentaires
Ça va je tiens toujours !
Merci Clodoweg ! De mon côté, même si je commente rarement tes notes, je ne manque pas de venir régulièrement profiter de la beauté de tes photos de fleurs.