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  • (13/21) L'ombre de ton chien

     

    « J'ai donné un nom à ma douleur et je l'appelle chien. »

    (Le Gai savoir 312)

     

    Nietzsche émouvant dans sa fragilité et son humilité.

    Aucune théâtralisation, aucun exhibitionnisme de sa douleur.

    Pas de lutte non plus, juste la notation de sa présence d'animal de compagnie.

    Il l'a apprivoisée, dressée, il en est le maître, mais un maître compréhensif, amical.

    Cette phrase m'évoque l'énigmatique toile de Goya intitulée Le Chien. Je crois qu'elle dit la même chose.

     

    Le vieillissement aussi peut se voir comme un animal de compagnie.

    À vos côtés se tient désormais un vieux chien moche, perclus, ralenti, au regard amati. Il s'est mis à vous suivre comme votre ombre.

     

    C'est qu'en fait, il l'est, votre ombre. Il fut le jeune chiot jouant d'un rien, il fut le chien agile et endurant qui vous accompagnait dans vos plus longues courses. Il fut le chien de garde qui montrait les dents devant les menaces.

    Aujourd'hui c'est ce vieux clébard fatigué aux pattes amollies et aux griffes usées. Il est toujours votre ombre. C'est juste que vous êtes devenu l'ombre de vous-même.

     

    Je n'ai rien contre les chiens.

    (Enfin (presque) plus rien : ma phobie canine s'estompe. Je ne sais d'où elle était venue, je ne sais pourquoi elle s'en va. Qu'importe pourvu qu'elle me lâche).

    Je n'ai rien contre les chiens, mais si je devais donner un nom à mon vieillissement, je l'appellerais plutôt escargot.

    Mais non, pas pour la lenteur (ni pour la bave, quand même j'en suis pas là).

     

    Pour la coquille où l'on peut se réfugier.