Ma technique est celle de l'aigle qui vole au dessus de l'agneau en ellipses de plus en plus basses.
Quand l'agneau a l'intuition de quelque chose, quand enfin il saisit vaguement au-dessus de lui l'image de la silhouette aux ailes étendues, il n'est plus temps.
C'est bête un agneau.
Mais moins qu'eux.
Avec eux c'est étonnamment facile. On a le sentiment qu'ils n'attendent que ça. Qu'on les manipule, qu'on les abuse, qu'on balance les plus débiles des stupidités.
Eux l'image de l'aigle menaçant ? « Waouh ! Juste un peu plus bas, à côté de ma tête, et je me fais un selfie génial ! »
Mais moi, même face à une imbécillité aussi assumée, je fais plutôt dans la finesse, le subtil. C'est plus mon style. J'instille à toutes petites doses, de l'homéopathie quoi.
Enfin pas exactement, vu que l'homéopathie en fait l'idée à ce qu'on m'a dit c'est le boost des défenses du métabolisme. Le malade en autonomie de soin comme les élèves en autonomie dans la salle d'étude quand manquent les pions.
Sauf que voilà s'il y a un mot pas adapté ici c'est bien « autonomie ».
En fait ils sont exactement les moutons du mec bien connu. D'où la mention de l'aigle avec son agneau, vous suivez ?
Le plus piquant, c'est que moins ils sont autonomes plus ils ont le sentiment d'une indépendance. Étonnant, non ? Ils suivent, mais ils se pensent dans un chemin unique, un chemin à eux seuls.
J'avoue ça m'amuse.
Évidemment il me faut de la technique, de la psychologie. Mais une fois que vous avez la typologie des moutons (y a cinq ou six styles maxi) c'est un jeu d'enfant.
Et je joue.