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Sans des hommes sages

« n°129 : Les conditions de Dieu.

''Dieu lui-même ne peut subsister sans des hommes sages'' – a dit Luther, et à juste titre ; mais ''Dieu peut encore moins subsister sans des hommes sans sagesse'' – et cela, le brave Luther ne l'a pas dit ! »

(Friedrich Nietzsche Le Gai Savoir Troisième livre)

 

Il fallait que ce soit dit. L'ennui c'est que les hommes sans sagesse n'ont aucun mal à façonner davantage l'image de Dieu que les sages, car ils sont beaucoup plus malins, retors, et savent mieux se faire entendre.

Montaigne ne nous l'envoie pas dire : « L'obstination et ardeur d'opinion est la plus sûre preuve de bêtise. Est-il rien certain, résolu, dédaigneux, contemplatif, grave, sérieux, comme l'âne ? » (Essais III, 8 De l'art de conférer).

Et cela produit un dégât collatéral : « Il est impossible de traiter de bonne foi avec un sot. Mon jugement ne se corrompt pas seulement à la main d'un maître si impétueux, mais aussi ma conscience. » (Ibid.)

Un maître oui, souvent, l'homme sans sagesse, car c'est à devenir maître qu'il s'emploie essentiellement. C'est terrible, mais c'est ainsi : « Les méchants savent quelque chose que les bons ne sauront jamais » (Woody Allen)

Et par conséquent c'est leur vision de Dieu qui prévaut largement. Une vision au mieux absurde, mais hélas souvent abjecte en plus, selon le mot indépassable de Voltaire : « Tu nous a faits à Ton image, mais nous Te l'avons bien rendu. »

 

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