« n°167 : Misanthropie et amour.
On ne dit en avoir assez des hommes que lorsqu'on ne peut plus les digérer et que pourtant, on en a encore l'estomac plein. La misanthropie est la conséquence d'un amour de l'homme et d'une ''gloutonnerie anthropophage'' d'une avidité excessive, – mais qui t'a demandé d'avaler les hommes comme des huîtres, mon prince Hamlet ? »
(Friedrich Nietzsche Le Gai Savoir Troisième livre)
De temps en temps ce drôle d'animal de Friedrich a des trouvailles carrément surréalistes, je trouve.
Quoique : tout à coup j'ai un doute, aussi bien cette histoire d'huîtres est vraiment chez Shakespeare ? Dans la bouche d'un fou par exemple. Ça ne m'étonnerait qu'à moitié de ce bon vieux Will. (Mais j'ai la flemme de chercher).
En tous cas dans le genre les grands esprits se rencontrent, ça me fait penser à ça :
« L'identification est la forme la plus originaire du lien affectif à un objet (...) Le cannibale, comme on sait (…) aime ses ennemis jusqu'à les dévorer, et ne dévore pas ceux qu'il ne peut aimer d'une manière ou d'une autre. »
(Psychologie des foules et analyse du moi chap.7 L'identification)
Bon : le cannibalisme au sens premier a un peu perdu de son prestige de nos jours, malgré tous les louables efforts d'Hannibal Lecter. Mais si l'on remplace l'idée de dévorer par celle de phagocyter l'autre dans une relation d'emprise perverse, ça se défend.
Et là on peut penser à un autre film, celui de Maïwenn intitulé Mon roi.