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Le comédien de lui-même

« n°236 : Pour agiter la foule.

Celui qui veut agiter la foule ne doit-il pas être le comédien de lui-même ? Ne doit-il pas commencer par se traduire lui-même en grotesquement évident et déclamer aussi bien toute sa personne que sa cause sous cette forme caricaturale et simplifiée ? »

(Friedrich Nietzsche Le Gai Savoir Troisième livre)

 

Comme c'est bien vu, comme c'est bien dit. Parfaite caractérisation du tribun populiste, de son comportement d'histrion tout en vulgarité, de sa démagogie à motivation narcissique.

Comédien de lui-même, déclamer sa personne c'est sûr c'est la chose qui le motive. Quant à déclamer sa cause, encore faudrait-il qu'il en eût vraiment une, une autre que se promouvoir, se glisser dans tous les trous de souris pour arriver enfin au pouvoir, son seul rêve.

Friedrich en avait maints exemples à son époque. On voudrait n'en avoir plus à citer, on voudrait être enfin passé à un âge de maturité politique et citoyenne.

Mais non : ce sont toujours les mêmes gosses immatures et imbu(e)s qui préfèrent agiter la foule plutôt que s'attaquer avec pragmatisme et modestie à la tâche de gouverner, non pas contre les autres, mais avec eux.

Un avec qui non seulement n'exclut pas le débat, mais est la seule façon de le mener sincèrement, efficacement.

Tu sais quoi, Friedrich, ces baudruches gonflées d'elles-mêmes, ces clones d'Ubu, ont cessé de me faire rire.

Désormais leur irresponsabilité m'atterre et m'accable, en tant que force de destruction massive de la démocratie.

 

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