« n°269 : À quoi crois-tu ?
À ceci : que le poids de toutes choses doit être déterminé à nouveau.
270 : Que dit ta conscience ?
''Tu dois devenir celui que tu es''.
271 : Où résident tes plus grands dangers ?
Dans la pitié.
272 : Qu'aimes-tu chez autrui ?
Mes espérances.
273 : Que qualifies-tu de mauvais ?
Celui qui veut toujours faire honte.
274 : Qu'y a-t-il pour toi de plus humain ?
Épargner la honte à quelqu'un.
275 : Quel est le sceau de l'acquisition de la liberté ?
Ne plus avoir honte de soi-même. »
(Friedrich Nietzsche Le Gai Savoir Troisième livre)
Cette fin du troisième livre m'évoque les questions/réponses du catéchisme de mon enfance.
Q : Qui est Dieu ?
R : Ouh la ! vaste question ! Attendez voir, bon on va déjà chercher du côté de Spinoza …
Q bis : Mais non pas la peine, regarde : y a la réponse, là.
R : Ah ouais j'avais pas vu : Dieu est un pur esprit en trois personnes …
J'ai du mal à me rappeler ce que je pensais à l'époque. J'essayais, il me semble, de comprendre ce que ça voulait dire, mais je n'y arrivais pas, ça me paraissait très flou. Après j'ai compris que cette incompréhension n'était pas si mauvais signe.
Pour en revenir à Friedrich, je ne sais pas ce que ce questionnaire doit à l'ombre de Monsieur le Pasteur. Mais ce qu'il doit au Surmoi saute aux yeux. Poids, conscience, danger, pitié, mauvais, honte : n'en jetez plus.
Friedrich, décidément, qu'est-ce qu'il s'en est trimbalé !
Mais du coup, malgré cela, ou à cause de cela, on est ému par la beauté simple et lumineuse de ces immenses phrases, toutes de force, de dignité, de bienveillance pour autrui et soi-même.
Tu dois devenir celui que tu es. (Et celle ...)
Quel est le sceau de l'acquisition de la liberté ? -Ne plus avoir honte de soi-même.
Qu'y a-t-il pour toi de plus humain ? -Épargner la honte à quelqu'un.