Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

P comme ...

« Pardon.

Stratagème pour tromper la vigilance de celui qui nous a offensé et pour le prendre en flagrant délit lors d'une offense ultérieure. »

(Ambrose Bierce Le dictionnaire du diable)

La notion de pardon me laisse perplexe. Les deux ou trois fois dans ma vie où l'on m'a demandé pardon, je ne voyais pas en quoi la personne m'avait intentionnellement offensée ou causé du tort. En revanche les personnes qui m'ont vraiment et sciemment fait mal (directement ou en faisant mal à des êtres aimés) n'ont jamais manifesté la moindre velléité de me demander un quelconque pardon. Elles ont bien fait : je ne le leur aurais pas donné.

Peut être au fond le cynisme de Bierce n'est-il pas déplacé. Le vrai pardon est impossible, car une véritable offense, ce qu'elle atteint en nous, c'est la confiance en autrui nécessaire à pardonner.

 

« Parricide.

Coup de grâce filial qui délivre quelqu'un des affres de la paternité. »

« Père.

Quartier-maître et intendant de la subsistance accordée par la nature afin de nous entretenir le temps que nous apprenions à vivre en prédateur. »

Je ne sais si Bierce a eu des enfants. Mais il a de toute évidence un compte à régler de ce côté-là (cf Enfant 14 octobre). Peut être avec sa propre enfance.

 

« Partisan.

Adepte privé de raison. »

Définition qui dans sa brièveté percutante va à l'essentiel.

Mme de Staël explicite :

« L'esprit de parti est une sorte de frénésie de l'âme qui ne tient point à la nature de son objet. C'est ne plus voir qu'une idée, lui rapporter tout, et n'apercevoir que ce qui peut s'y réunir : il y a une sorte de fatigue à l'action de comparer, de balancer, de modifier, d'excepter, dont l'esprit de parti délivre entièrement ; les violents exercices du corps, l'attaque impétueuse qui n'exige aucune retenue, donnent une sensation physique très vive et très enivrante ; il en est de même au moral de cet emportement de la pensée qui, délivrée de tous ses liens, voulant seulement aller en avant, s'élance sans réflexion aux opinions les plus extrêmes. »

Germaine de Staël (De l'esprit de parti)

 

« Pesantes.

Les plaisanteries anglaises. »

Voilà qui n'est pas très gentil. Et pas très convaincant. Pour ma part je suis sensible au british humour, qui permet de goûter un cocktail délectable d'understatement, de flegme et de fantaisie. L'humour américain ? Qu'en dire sinon qu'il est à l'humour ce que la musique militaire est à la musique ? (Je mets à part bien sûr l'humour juif représenté aux USA par des virtuoses du genre).

 

« Peur.

Le sens de l'absolue perversion du futur imminent. »

On aurait été déçus que Bierce, tel qu'on commence à le connaître, ne fasse pas preuve d'un minimum de phobie et de paranoïa. Nous voilà rassurés.

 

Les commentaires sont fermés.