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Toutes les fleurs

« L'homme qui croit en l'humanité ne doit pas encourager la division, mais l'union, il ne doit pas fortifier les sectaires dans leur sectarisme ni ceux qui se haïssent dans leur haine ; il doit s'efforcer de faire vivre les hommes en bonne intelligence et de favoriser les accords ;

et plus l'époque montre de fanatisme, plus il faut qu'il s'obstine dans son impartialité, ne considérant, au milieu de ces désordres et de ces égarements, que ce qui est commun à tous les hommes, en tant qu'avocat incorruptible de la liberté spirituelle et de la justice sur terre. »

(Stefan Zweig. Érasme chap 6 Grandeur et limites de l'humanisme)

 

« Il n'est par principe l'adversaire d'aucune thèse ou théorie, mais il est l'ennemi de toutes du moment qu'elles veulent faire violence aux autres. En sa qualité d'encyclopédiste, l'humaniste aime précisément le monde pour sa diversité, et ces contrastes ne l'effraient pas.

Rien de plus éloigné de sa pensée que de vouloir faire cesser ces oppositions, à la manière des fanatiques et des gens épris de systèmes qui cherchent à réduire toutes les valeurs au même dénominateur, toutes les fleurs à la même forme et à la même couleur ;

la caractéristique de l'esprit humaniste est au contraire de ne pas voir dans les contrastes des antagonismes et de chercher pour tout ce qui est en apparence incompatible une unité supérieure, une unité humaine. »

 

Deux passages qui n'ont pas besoin de grands commentaires.

La recherche humaniste d'universel n'est certes pas l'uniformisation, la standardisation, la réduction au même dénominateur. Un accord n'est pas un unisson, mais juste la recherche d'une harmonie à plusieurs voix.

Certains, avec la plus parfaite mauvaise foi, assimilent l'universalisme à un totalitarisme. Inversement, le totalitarisme se prétend parfois universalisme. Impossible pourtant de confondre.

Le totalitarisme réduit toute divergence à un choix binaire : être pour ou contre. Il confond l'unité et l'allégeance à une doctrine d'unicité, d'univocité. Le totalitaire est l'ennemi de toutes les thèses et théories qui ne sont pas les siennes. Et, plus grave, l'ennemi des hommes qui les portent.

C'est ainsi que pour discriminer l'universalisme du totalitarisme, il y a un test bien simple.

Le totalitaire est toujours prêt à tuer pour ses idées.

Pour l'universaliste tuer un être humain c'est tuer l'humanité.

 

Commentaires

  • La dernière phrase citée est magnifique et la conclusion du commentaire impeccable. Merci, Ariane.

  • Merci de lire, Tania. Ces textes sont en effet très éclairants. Ce n'est pas toujours facile, dans la complexité des sociétés, de relier l'universel et le particulier. En faisant de la vie, la dignité, la liberté de chacun (et chacune !) la seule valeur absolue (y subordonnant donc toutes les autres : religions, nationalismes, idéologies de tout poil ...), l'humanisme universaliste implique une organisation politique et sociale juste. Après, ben faut le faire "pour de bon"...

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