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Leurs mots pour le dire : L'ivresse d'avoir bu au verre fragile

 

« Parler pourtant est autre chose, quelquefois,

que se couvrir d'un bouclier d'air ou de paille …

Quelquefois c'est comme en avril, aux premières tiédeurs,

quand chaque arbre se change en source, quand la nuit

semble ruisseler de voix comme une grotte

(à croire qu'il y a mieux à faire dans l'obscurité

des frais feuillages que dormir),

cela monte de vous comme une sorte de bonheur,

comme s'il le fallait, qu'il fallût dépenser

un excès de vigueur, et rendre largement à l'air

l'ivresse d'avoir bu au verre fragile de l'aube. »

 

Philippe Jaccottet (Parler)

 

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