Depuis que je me suis fatigué de chercher, j'ai appris à trouver dit Nietzsche dans Le gai savoir. Une phrase après tout par laquelle on pourrait définir entre autres choses la vieillesse.
Raison pour laquelle il me prend de parler de « gai vieillir ».
Attention. Gai mais pas gaga. Nuance. Car gai ne signifie pas heureux.
La vieillesse c'est comme l'amour d'Aragon : il n'y en a pas d'heureuse. Entendons d'un bonheur qui soit que du bonheur, parfait, sans mélange. C'est comme plein d'autres choses, la maternité ou la paternité, la création. Comme la vie en fait. Vie heureuse, malheureuse ... Il y a la vie c'est tout.
Mon propos n'est donc pas ici de bavasser baba gaga, style « enfin le bel âge, j'aurais dû me faire vieille plutôt ». De vous infliger le topo publicitaire à glisser pour supplément d'âme dans une brochure pour avant-dernière demeure de seniors friqués. Ce genre de complexe mi-hôtelier mi-hospitalier où vieilles et vieux, le cheveu aussi argenté que le portefeuille, gymdoucent et stretchinguent dans l'eau tiédasse d'une piscine, scrabblablatent en buvant une tisane tiédasse itou, se farcissent des exercices de mémorisation rasoir contre le ratiboisement de leur mémoire – salaud d'Alzheimer.
Des vieux qui ont à leur service pour tout ceci, et plus tard pour les torcher, des jeunes non argentés pas que capillairement, qui acceptent de sortir des statistiques du chômage en échange de stages ou de missions. Il faut bien survivre. Pour vivre sa vie, sa vraie vie, on verra plus tard. Quand on sera vieux ? Non, je rigole, eux la retraite dorée ils connaîtront pas (quoique, sait-on jamais). Pourquoi ne les nomme-t-on pas minors, au fait ?
Mais bref, laissant à votre entière initiative et responsabilité la réflexion économico-sociologique, pour ma part je m'en vais simplement vous dire comment vieillissante je découvre la vieillesse. Découvrir je dis bien, avec les connotations pionnières que cela suppose. J'ai ma vieillesse devant moi, alors que le reste est derrière, confit en souvenir ou effacé par l'oubli. Passé.
Théorème puéril :
Ma vieillesse aujourd'hui est plus neuve que mon enfance.
Démonstration.
Tout ce qui est aujourd'hui est plus neuf que ce qui était hier. Et a fortiori avant-hier, ce qui est le cas de mon enfance.
Or ma vieillesse est aujourd'hui.
Donc.
Voilà.
Na.