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La classe

Notre vie, disait Pythagoras, retire (ressemble) à la grande et populeuse assemblée des jeux olympiques. Les uns y exercent le corps pour en acquérir la gloire des jeux ; d'autres y portent des marchandises à vendre pour le gain. Il en est, et qui ne sont pas les pires, lesquels ne cherchent autre fruit que de regarder comment et pourquoi chaque chose se fait, et être spectateurs de la vie des autres hommes, pour en juger et régler la leur.

(Essais I,26 De l'institution des enfants)

 

Rentrée des classes oblige, je pense ces jours-ci à tous les élèves de France et de Navarre, et à leurs instits et profs, particulièrement ceux de mes amis et de ma famille qui assument cette exaltante mission. Pour ma part cette année encore je ne « rentre » pas (et d'ailleurs c'est selon toute probabilité définitif). Hélas ou tant mieux. Tant mieux pour mon repos et mes petits nerfs, hélas pour ma fibre pédagogique. Tant mieux pour mon otium, hélas pour mon compte en banque. En vérité j'aimerais bien être encore dans la course olympique, ou bien pouvoir vendre mon grain, genre mes livres.

Mais bon, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, je peux toujours me payer un luxe qui n'alourdira pas le déficit public (j'espère que Pépère me sera reconnaissant de ce civisme, tout contraint qu'il soit).

 

Me payer le luxe dont parle Montaigne ici, c'est à dire regarder tout ça d'un peu loin, à distance respectueuse. Or donc, depuis cette distance, pour tous et chacun de vous rentreurs, en guise de cadeau de début d'année scolaire, cette jolie phrase joyeusement pédagogique.

 

Qu'on lui mette en fantaisie une honnête curiosité de s'enquérir de toutes choses ; tout ce qu'il y aura de singulier autour de lui, il le verra : un bâtiment, une fontaine, un homme, le lieu d'une bataille ancienne, le passage de César ou de Charlemagne « quelle terre est engourdie par les glaces, ou rendue poudreuse par la chaleur » (Properce)

(Essais I,26 De l'institution des enfants)

 

Une attitude qui déborde évidemment le cadre des lieux dédiés explicitement à l'enseignement, où vous avez l'honneur et l'avantage d'oeuvrer les uns et les autres.

Sans mettre mon grain de sel superflu, je me contente de souligner les mots « fantaisie, curiosité, voir toute chose dans sa singularité ».

Voir et regarder le monde sous toutes ses faces, le monde réel, et aussi l'autre monde que construisent les mots, comme ici ceux de Properce.

Se connecter avec tout ce qui se présente. Se faire bon public, et public interactif, de la vie.

Bref la grande classe qui caractérise Monsieur des Essais, et qu'il nous propose ici.


De quoi tenir jusqu'aux premières vacances, non ? Allez, bon courage !

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