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Kafkïen

Voilà un truc qui vous pose, avoir créé ou trouvé quelque chose à quoi désormais votre nom s'attache. Genre si vous transportez sur votre dos à travers les égouts de Paris votre futur gendre adoptif, si vous sonnez des cloches en criant « asile ! asile ! », on ne manquera pas de taxer votre comportement d'exagérément hugolien. Quand, faisant la poussière, vous lâcherez malencontreusement votre vase Ming, et qu'au lieu de rester suspendu en l'air le temps que vous réagissiez il ira bêtement s'écraser au sol, vous pesterez contre son conformisme newtonien. Quand vous embrasserez l'aube d'été du côté de Charleville-Mézières, on dira de deux choses l'une ou il fait un coming-out rimbaldien, ou il est un peu ivre. Quand vous vous prendrez la tête à propos d'être ou pas, de tuer ou pas Tonton qui a tué Papa (comme son fantôme est venu vous le révéler) avant d'épouser Maman, et que vous vous demanderez si toutes ces tergiversations ne sont pas l'indice d'un complexe d'Oedipe mal résolu, on se dira : « shakespearien ou freudien, das ist die Frage » (ces derniers mots prouvant qu'on a inconsciemment déjà opté pour l'un des termes de l'alternative).

Si une forme particulière d'agoraphobie vous touche lors d'un voyage intersidéral, il y a fort à parier que vous soyez pascalien. Si la disparition des dinosaures ne vous fait ni chaud ni froid, voyez-y l'expression de vos gènes darwiniens. Si la beauté vous a assailli sans crier gare un matin de votre enfance à l'écoute d'Une petite musique de nuit, vous serez mozartien jusqu'à votre requiem inclus et qui sait au-delà.

Quant à être kafkaïen, je ne vois pas comment on pourrait l'éviter dans notre monde, dont je n'entamerai pas le procès car les occasions de cafarder y sont déjà trop nombreuses, raison pour laquelle ce blog se place résolument dans une perspective de divertissement. D'où Kafka.

 

Vous ne voyez pas le rapport ? Figurez-vous que Kafka, on ne le sait pas assez, avait un certain sens de l'humour. Un humour certes personnel, subtil et pince sans rire autant que caricaturiste, naviguant entre l'absurde et la métaphysique. Pour illustrer le propos, sur l'échelle de Kafka de l'humour, graduée de 0 à 10K, Bigard serait disons à - 50K et Desproges à 9 ou 9,5K.

 

Kafka n'a pourtant pas mené à bien sa carrière comique, pour cause d'inaptitude à l'auto-promotion et de santé fragile, mais c'est bien dommage, à en juger par des trouvailles comme celle-ci. (Chaque fois que je relis cette phrase, j'y peux rien, je suis morte de rire).

 

Dans mon tiroir traînent de vieux papiers, que j'aurais jetés depuis longtemps si j'avais une corbeille à papiers. (Journal, 25-12-1910)

 

 

 

 

 

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