Witz ? Warum ? Es ist kein französisches Wort, oder ? Ja, ich weiss, Du Kartoffel ! Et d'ailleurs je dois à la vérité de dire que Robert n'a pas mis ce mot dans son W. Eh bien moi je le mets, c'est mon blog et je fais ce que je want. Et que Robert ne vienne pas me chercher des noises, lui qui n'hésite pas à définir waouh, wech ou wiki …
Le Witz est une histoire drôle, ou plus exactement drôlement tournée, car il repose surtout sur le jeu avec les mots. Quelqu'un de witzig est quelqu'un qui a de l'esprit, qui a le sens de la plaisanterie. Ce qui est déjà une bonne raison de faire honneur à ce mot. Mais il faut surtout mentionner que Freud lui a consacré un de ses livres, « Le Witz et sa relation à l'inconscient », ouvrage publié pour la première fois en 1905 (il aurait donc pu employer le mot vasouiller, en français dans le texte). Ce livre nous dit d'abord une chose essentielle : Freud n'était pas le grincheux névrosé obsessionnel que d'aucuns se plaisent à décrire. Enfin un peu peut être, mais pas seulement. C'était aussi quelqu'un qui aimait rire et sourire, savait goûter les plaisanteries, les jolies rencontres de mots (entre autres celles que lui offrait l'écoute de ses patients). Et il n'est que de le lire sans a priori pour déceler dans son écriture la capacité de distance ironique qui fonde le meilleur sens de l'humour. Et cela y compris dans les démonstrations les plus serrées. Il dit d'ailleurs à propos du Witz que « c'est la plus sociale de toutes les activités psychiques ayant pour but un gain de plaisir ».
J'espère t'en avoir dit assez, lecteur de ce blog, pour piquer ta curiosité, car je crois bien qu'après cet abécédaire qui n'est plus qu'à trois lettres du mot fin, nous nous en irons vadrouiller du côté de la freuditude.
Parmi les histoires citées dans le livre sur le Witz, il y en a dont Freud dit que ce sont des Witz « sceptiques », car « ils attaquent la sûreté de notre jugement lui-même, qui est un de nos biens spéculatifs ». Celle-ci vaut le détour et a été amplement commentée (entre autres par Lacan) :
Deux Juifs se rencontrent dans un train en Galicie. « Où vas-tu ? » demande l'un. « A Cracovie », répond l'autre. « Regardez-moi ce menteur ! » s'écrie le premier furieux. « Si tu dis que tu vas à Cracovie, c'est bien que tu veux que je croie que tu vas à Lemberg. Seulement moi je sais que tu vas vraiment à Cracovie. Alors pourquoi tu mens ? »
Voilà je trouve qui n'est pas sans rapport avec la manière dont Kafka* gère sa corbeille à papiers ...
* voir le K de cet abécédaire.