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Psyché est un mot grec

 

 

« Psyché est un mot grec que l'on traduit par âme (Seele). Traitement psychique veut dire par conséquent traitement d'âme. On pourrait supposer qu'il faille entendre par là : traitement des manifestations morbides de la vie de l'âme. Ce n'est pourtant pas la signification de ce mot. Traitement psychique signifie bien plutôt : traitement à partir de l'âme (von der Seele aus), traitement – de troubles psychiques et corporels – à l'aide de moyens qui agissent d'abord et immédiatement sur l'âme de l'homme.

Un tel moyen est avant tout le mot. »

S. Freud, Traitement psychique (1890)

 

Ce petit paragraphe, qui débute l'article sous une formulation plate et pépère, comme s'il ne s'agissait que de rappeler des évidences, pose cependant un renversement remarquable de la conception neurologique et psychiatrique de l'époque.

Freud n'envisage pas la morbidité psychique sous l'angle de déficiences dont certaines seraient in fine irrémédiables. C'est un des points sur lesquels, à la même époque, il va oser se démarquer de son maître et modèle Charcot. Celui-ci se résigna à expliquer par la notion de « dégénérescence » certains échecs thérapeutiques, autrement dit à accepter qu'il y ait du définitivement cassé, du définitivement pourri au royaume de l'âme malade. Charcot et la psychiatrie contemporaine de Freud se résolvent (parfois la mort dans l'âme) à jeter l'âme et ses états. Freud ne s'y résout pas.

Au contraire il pose la conviction que ce noyau dur de l'humain qu'est sa psyché reste, fût-il gravement cassé, perturbé, et à travers-même son dysfonctionnement, le dépositaire et l'agent d'une immense puissance de vie.

La démarche freudienne repose sur une capacité, vraiment étonnante si l'on y songe, à se décoller de la fascination du mal. Les hystériques de Charcot étaient l'objet d'un spectacle, et les grandes leçons données à la Salpêtrière devant le tout-Paris (et même, la preuve Freud, devant la toute-Europe) alimentaient une pulsion voyeuriste bien confortable. Le (la) malade était « l'autre », fournissant à bon compte un repoussoir pour affirmer sa propre et indiscutable normalité.

Freud dit dans ce petit paragraphe : OK il y a de la morbidité psychique, il y a l'impuissance de l'âme cassée des aliénés, mais moi ce qui m'intéresse est de considérer sa puissance inaliénable.

Un des points qu'il a posé d'emblée à partir de l'étude du rêve est ainsi le continuum entre santé et maladie psychique, et jamais il ne le remit en question d'un bout à l'autre de son œuvre. L'aliéné n'est pas plus un autre que vous et moi, que moi pour vous et vous pour moi.

Ensuite, reste à faire de cette conviction une méthode thérapeutique, un moyen de soin. Comment ? Un tel moyen est avant tout le mot.

 

Ce que nous verrons la prochaine fois.

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