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Parce que (2)

Le moyen de transport

Chérubin, bon d'accord c'est téléphoné. Mozart-Chérubin, Mozart-Papageno, évidences tartalacrémesques. Mais si justes. Sans doute se trouvait-il embarqué sur les ailes du vent, dans ses grands moments d'inspiration, mais ce qui est sûr c'est qu'en l'écoutant on plane.

 

Trois

Pas besoin de grandes explications, là encore. Juste évoquer le trio de grâce, de magie, le trio fragile et puissant comme la vie elle-même, celui de Trois Enfants/Anges/Génies ou quoi que ce soit dans La Flûte. Ben oui la Flûte encore, j'y peux rien, au chef d'oeuvre comme au chef d'oeuvre. Et encore, tiens, Papageno qui compte ein zwei drei ...

 

L'instrument de musique

Outre les trois cités, j'aurais pu en choisir un autre, le plus accordé à notre vibration intime, à chacun de ses moments, de ses nuances : la voix. Les voix de Mozart, où le souffle se fait chair, où la chair laisse affleurer son âme. Hystérie somptueusement surjouée de la Reine de la Nuit orgueilleuse et blessée, vertige vertigineux de Don Giovanni dans sa danse au bord de l'abîme, désir palpitant et soyeux de Chérubin. Et le bouleversant Incarnatus est de la Messe en ut mineur, se déployant comme une rose ouvre ses pétales ...

 

L'arbre

Il s'agit du bosquet de pins au 4°acte des Noces de Figaro. Suzanne y donne rdv au comte selon un plan de la comtesse. Le but est de confondre l'infidèle, qui la délaisse pour draguer précisément Suzanne. Pour préparer le billet doux, à la fois faux et vrai, c'est le duo Sotto i pini, sous les pins. Duo si doux lui aussi, malicieux, nostalgique, sensuel, dans lequel la comtesse fait à son volage une déclaration d'amour par personne interposée et sous couvert de ruse lui livre un pur chant d'abandon.

Sous les pins chacun viendra chercher sa chacune, la vérité des cœurs et du désir se dira dans la nuit, à l'aveuglette, en hommage au petit dieu Eros. Sous les pins, Suzanne attendant son rdv chante une lumineuse aria deh vieni o gioa bella. Un des plus suaves parmi ces chants où les personnages de Mozart, hommes et femmes, se laissent habiter par la grâce d'aimer, fût-elle déchirement ou angoisse. Sous les pins, Suzanne, contemplant le ciel de nuit où palpitent les étoiles, exhale en écho cet air de lumière nocturne. Sous les pins Suzanne la soubrette, qui a revêtu l'habit de la comtesse, lui prête sa voix propre où s'unissent la plainte lancinante du porgi amor qui inaugure le 2° acte et la nostalgie d'amoureuse brisée du dove sono au 3°acte.

 

Là sous les pins dans la nuit d'été, Mozart a donné à son personnage la voix-même de l'amour. Une voix fragile, qu'un rien peut briser dans la nuit, une voix immortelle pourtant. 

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