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Désolée, Sigmund ...

Freud n'en reste pas à la phrase qui clôt ma note précédente, phrase aussi magistrale que tragique. Il poursuit le cours de sa petite bonne femme de pensée. Le maintien de la civilisation, même sur une base aussi discutable, permet d'espérer que chaque génération nouvelle fraiera la voie à un remaniement pulsionnel continu, porteur d'une civilisation meilleure.

Quand je pense qu'il y a (eu) des gens pour le traiter d'affreux pessimiste, ce pauvre cher Sigmund ! De telles phrases révèlent au contraire sa foi ô combien naïve, mais respectable au demeurant, en l'idée de progrès héritée des Lumières et du scientisme. Ou au moins sa foi dans la méthode Coué ce qui en pratique revient peut être au même.

Je voudrais bien lui faire plaisir, à Vati Sigmund, et m'extasier sur le progrès moral des générations qui aura permis depuis le moment où il écrit ces lignes :

1° la résistance victorieuse aux idées nazies et en particulier à l'antisémitisme

2° l'instauration ici ou là d'un communisme digne de ce nom, ou a minima la recherche résolue de rapports humains et économiques plus partageux, plus sport-co pour tout dire

3° la fin du fanatisme religieux en pensée en parole en action, voire dans la foulée la fin de toutes les superstitions qui auraient fait criser Spinoza s'il n'avait pas trouvé le truc pour gérer les passions

5° la ringardisation définitive des angoissés de la virilité qui réduisent les femmes en esclavage par la force ou l'aliénation

6° l'impossibilité de concevoir le moindre argument pour le racisme

7°l'abandon du fétichisme du bout de terre, et ou de l'appartenance tribale, ethnique, fétichisme remplacé par l'aptitude, où et avec qui que ce soit, de se promener dans la Présence sur la terre du vivant (Ps 116 v.9)

8° et toute autre occasion d'être plus heureux et moins insensés

 

Mais non. Désolée, Sigmund. Y a comme un problème dans la continuité du remaniement pusionnel que tu espérais. Y a des moments ça remanie moins, les forces remaniementives s'épuisent ou se lassent faut croire, ou alors elles repartent en sens inverse et défont en quelques mois les efforts patients et si laborieux de plusieurs décennies.

 

La question est pourquoi échouons-nous à passer des seuils décisifs en éthique ? Quels mécanismes pervers nous assignent à l'inéducabilité ? Répétition ininterrompue, ou quasiment, des mêmes erreurs et des tragédies qui vont avec : ça ne vous incite pas, vous, à voir à voir comment changer notre fusil d'épaule ? (Si la métaphore vous gêne no stress mes mots sont inoffensifs c'est pour ça que je ne leur mets pas de muselière). Comment enfin tirer parti des intelligences et bonnes volontés qui ont résisté comme elles ont pu à leur pente vers l'inhumain ? Allez, qu'est-ce qu'on risque ? 

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