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Par le chemin de crête

Rien n'est simple pour la bonne raison que dans ce discours de l'arbre Zarathoustra est particulièrement branché sur le mouvement d'alternance caractéristique de tout tempérament bipolaire qui se respecte. De fait on aura remarqué depuis un moment que la bipolarité est au cœur de la structure du livre. Souvenons-nous qu'il commence sur le récit d'une montée suivie d'une descente. Zarathoustra sinusoïde le plus clair de son temps, et c'est fatigant dans les montées c'est effrayant dans les descentes (cf note du 9-9 le poème éponyme de Guillevic). Il n'a donc eu aucun mal à capter 5 sur 5 la phrase révélatrice du petit jeune « Je n'ai plus confiance en moi depuis que je veux m'élever ».

Il a commencé par donner une interprétation de cette étrange alliance d'élan et d'aquabonisme, comme si l'un impliquait l'autre selon la même nécessité qui lie l'endroit et l'envers d'un tissu. C'était la métaphore canine de la dernière fois. Un chien ça mord et ça remords. Une parfaite image de la face féroce du Surmoi (au revers de sa face plus constructive). Contre cette force de sape, Zarathoustra s'emploie à remotiver le petit jeune.« Ne jette ni ton amour ni ton espoir. »

 

Mais il sait que la sinusoïde se répétera, avec ses variantes. « Le danger que court celui qui est noble (c'est de devenir) un railleur, un destructeur. » Le cynisme, l'autre façon de laisser les chiens prendre le pouvoir.

« Autrefois ils pensaient devenir des héros : ils sont devenus des jouisseurs ». Zarathoustra rejoint ici la grande distinction spinoziste entre l'agir et la passivité. Quelles que soient les ambivalences douloureuses de son jeune disciple, il va l'engager à ne pas céder sur ce désir d'agir et de laisser opérer sa puissance, ne pas céder sur sa Wille zur Macht.

 

A l'arrivée Zarathoustra ne conseille donc pas la voie moyenne de sagesse, l'ascension de la montagne par la face sinon facile du moins ne demandant pas d'autre compétence que l'endurance et l'aptitude à se repérer dans le balisage (oui bon c'est déjà pas mal).

Il lance le petit jeune sur la route des crêtes, la plus dangereuse, la plus belle aussi, celle où l'on voit loin. Y dansera-t-il comme le danseur sur son fil, comme le seul dieu auquel Zarathoustra accepterait de croire ? (cf ma note du 5 sept)

 

Disons que ce sera déjà beaucoup s'il ne se casse pas la figure et gère à peu près son vertige …

 

 

 

 

 

 

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