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Petits joueurs

« La femme n'est pas encore capable d'amitié. Mais dites-moi, vous les hommes (Männer), qui d'entre vous est donc capable d'amitié ? »

(Ainsi parlait Zarathoustra De l'ami)

 

C'est la phrase suivante dans le texte. Et on est bien contente de la trouver.

Mais pas si étonnée finalement. C'est Nietzsche quand même, le genre de mec dont le trip était de penser plutôt que de se saouler à la bière devant un match de foot truqué. Un match de foot, quoi. (Cela dit la bière il ne devait pas cracher dessus non plus). Mais on est un peu moins contente en réalisant : si l'humanité est à ce point incapable d'amitié, femme ou homme, Mann und Weib, Célimène ou Alceste, reste-t-il donc comme seule option raisonnable la misanthropie ?

 

« Es-tu esclave, tu ne pourras être ami. Es-tu tyran ? Tu ne pourras avoir d'amis. » Donc tout n'est pas perdu. Car de ces mots on déduira que l'amitié n'est pas inaccessible à condition d'échapper à l'alternative tyran ou esclave. Bon OK c'est pas gagné. Mais pourquoi déclarer forfait d'emblée ? Battons-nous un peu, que diable !

Ni tyran ni esclave, en récusant l'alternative pouvoir-soumission, pose par le fait-même deux valeurs : la liberté et l'égalité. Il appartient aux candidats-amis à la fois de les revendiquer pour soi et de les permettre à l'autre.

C'est certes difficile, cela implique davantage qu'une sympathie spontanée ou autres affinités électives. L'amitié selon Nietzsche ce n'est pas pour les petits joueurs, faut pouvoir. Mais attention aux contrefaçons, le pouvoir n'est pas ce qu'on croit. Accepter d'être esclave ou se vouloir tyran, c'est en fait la même chose. Car être moins ou être plus signent la même impuissance à être totalement, c'est à dire être-avec.

 

L'amitié nietzschéenne est ainsi la sœur jumelle de la générosité spinoziste. La générosité d'une certaine façon « surmonte » l'homme. Car elle conçoit chaque individu comme indissociable de l'ensemble, de l'humanité entière.

 

« La camaraderie, il y en a : puisse-t-il y avoir de l'amitié ! »

Ne pas rester des petits joueurs, ne pas se cantonner à l'entre soi, qu'on soit supporters de foot, philosophes, bobos, babas, prolos, ceci, cela. L'entre soi d'un groupe d'appartenance où fatalement on finira par penser : « les autres du dehors, rien à foutre » (version soft) ou même : « les autres du dehors qu'ils crèvent » (version hard).

 

 

 

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