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Divagation

Quelle composition régit Ainsi parlait Zarathoustra ?

Mystère et boule de gomme. Suit-on une piste, crac elle débouche sur une impasse, ou alors se ramifie en intersections impossibles à explorer chacune. Ce livre se construit selon une logique qui non seulement lui est propre, donc sans modèle, mais est une logique créatrice au sens fort, donc improvisée : ce livre, on dirait que son auteur l'a laissé faire, se faire. Zarathoustra n'est peut être pas composé du tout en fait. En l'absence de forme globale clairement lisible, l'attention se déplace sur le matériau lui-même, les mots dans leur « charnalité ». C'est l'aspect poétique de l'oeuvre, déjà souligné.

L'absence de schéma a aussi pour autre conséquence de faire entendre le récurrent Ainsi parlait Zarathoustra comme l'injonction à consigner au fur et à mesure la parole reçue, pour ne pas la perdre. La fiction est donc que Zarathoustra dicte sa parole à Nietzsche. Façon de renouer avec la figure du « démon » de Socrate (et autres figures d'inspiration ou de prophétisme).

En tous cas la question est : si quand parle Zarathoustra on ne voit pas toujours bien où il veut en venir, est-ce parce que Nietzsche n'en sait rien non plus ? Ou qu'il ne le sait que trop bien et le refoule ? Or comme chacun sait, le refoulé ça s'en va mais ça revient.

 

Il en résulte une impression dominante : disons-le sans circonlocutions ce texte tourne en rond. (D'accord « éternel retour du même » on connaît la chanson, le tube au hit parade zaratiste. On connaît la chanson mais que signifie-t-elle ? On y … reviendra).

Ce texte a quelque chose de comment dire ? Plutôt que circulaire ou répétitif, voire itératif, l'adjectif qui me vient est ondulatoire. Le texte s'enroule sur lui-même comme s'enroulent des vagues. Zarathoustra pareil à la mer, toujours la même et toujours changeante, la mer la mer toujours recommencée. Ainsi lire Zarathoustra, surtout comme nous le faisons, c'est à dire pour le fun, c'est se lancer à surfer sur cette mer. Surfeur sur sa planche, funambule sur son fil : même combat, même vertige, même envol.

 

OK direz-vous mais à propos de tourner en rond, où veux-tu en venir ? Eh bien figurez-vous que j'ai signalé tout ceci afin d'attirer votre attention sur une particularité remarquable du chant de la tombe qui fait suite au chant de la danse comme ainsi je vous en causais la dernière fois. C'est une des deux seules fois de tout le livre où le récurrent ainsi parlait Zarathoustra est modifié en ainsi chantait Zarathoustra. (Avec Sur le mont des oliviers : rappelez-vous c'est là où il met de l'huile d'olive sur ses engelures cf note du 21 janvier)

Commençons par nous étonner qu'il n'y ait que ces deux modifications du refrain. C'est vrai : pourquoi ne pas avoir varié plus souvent, selon la teneur et l'ambiance des discours ?

« Ainsi hurlait Zarathoustra, ainsi chuchotait, grommelait, baratinait, pérorait, ainsi baragouinait, rabâchait, ainsi écumait Zarathoustra » ? ...

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