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I will survive

« Salut à toi ma volonté ! Et là seulement où sont des tombes, il y a des résurrections. Ainsi chantait Zarathoustra. »

(Ainsi parlait Zarathoustra. Le chant de la tombe)

 

(Cf note précédente) On est donc tenté d'interpréter - à la tentation d'interpréter ne jamais manquer de succomber - les choses ainsi : le chant de la tombe et sur le mont des oliviers ont un élément commun, et cet élément est décisif dans l'oeuvre.

Quel élément ? Réponse évidente : tous les deux relatent une expérience à qualifier au choix de mort/résurrection ou de résilience. (Cf aussi 11 février)

Le mot de résurrection est le fin mot du triptyque des trois chants nuit, danse, tombe, le titre mont des oliviers s'inscrit explicitement autant qu'ironiquement dans la référence christique qui imprègne de bout en bout le Zarathoustra. Nietzsche, fils de pasteur, s'approprie spontanément le langage biblique et évangélique dans lequel il a baigné. Exemple voir au prologue partie 4 la série des béatitudes selon Zara, construite sur l'anaphore J'aime ceux en écho au Heureux du sermon sur la montagne des évangiles (Matthieu 5, 1-12 ou Luc 6, 20-38. (Sauf que Zara parle depuis le bas de la montagne).

 

Le mot de résilience, quant à lui, nous remet dans la perspective de Deuil et mélancolie : "De même que le deuil offre au moi la prime de rester en vie, de même chacun des combats ambivalentiels singuliers (lors des épisodes bipolaires) relâche la fixation de la libido à l'objet. Ce processus peut prendre fin dans l'Inconscient, soit que sa fureur finisse par s'épuiser, soit que l'objet finisse par être abandonné comme sans valeur."

Et Freud poursuit : lequel des deux on ne sait pas, mais en tous cas "le moi peut alors savourer la satisfaction de se reconnaître comme meilleur, comme supérieur à l'objet." Je comprends ces dernières lignes de façon très basique : supérieur au sens qui a survécu, qui s'est maintenu en vie malgré tout, qui a réussi avec ses moyens à échapper à la séduction de l'objet mortel, à la contamination de la mort qui fait le fond de la maladie mélancolique. Le combat épuisant de la mélancolie cesse, la tension perpétuelle. La fureur finit par s'épuiser. L'énergie négative finit par se dissiper et se commue enfin en énergie positive ressentie comme un intense allègement : maintenant je vole, maintenant un dieu danse en moi.

 

L'énergie positive est ici notée par le mot volonté qui vient résoudre la tension entre mort et vie. « Oui il y a en moi quelque chose d'invulnérable, impossible à ensevelir, cela s'appelle ma volonté (mein Wille). (…) Encore et toujours tu te retrouves à vivre, et tu es semblable à toi-même, ma très patiente ! Encore et toujours tu as forcé ton passage à travers toutes les tombes (…) Oui, tu es encore pour moi la démolisseuse de toutes les tombes : salut à toi ma volonté ! Et là seulement où sont des tombes, il y a des résurrections. »

 

 

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