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Perdrêtre

L'identification mène donc à tout, mais à condition d'en sortir. En effet une identification produit tôt ou tard de l'inhibition, c'est bien le mot. Car elle assigne à une essence unique, à une clôture. Sa tendance est donc l'involution. Ce n'est que lorsqu'elle se relâche que peut s'ouvrir le processus d'évolution, l'entrée dans un chemin dont les relations aux divers objets sont les jalons. « Je l'ai c'est à dire je ne le suis pas. »

Je ne serai qui je serai qu'à partir de ce que j'aurai admis ne pas être, ne plus être. « A partir de » au deux sens à la fois : en m'en servant comme matériau, et en maintenant entre nous une distance, un écart.

 

Oui mais après ? Si jamais il arrive que je le perde, l'objet, que je ne l'aie plus du tout ? Disons plutôt « quand », car cela arrive toujours tôt ou tard. Alors se repose la question de ce que je suis, et comment l'être. C'est exactement la question du deuil, de la multitude des deuils qui jalonnent le parcours d'une vie : « J'ai eu, j'ai plus. J'étais avec ce que j'avais, comment être sans ? »

La première chose que produit la perte, c'est précisément la retombée dans l'être (être l'objet). Le fait de revenir à une forme d'identification à l'objet. L'objet perdu, si bien qu'il arrive de rester identifié à la perte elle-même (voir Deuil et Mélancolie dont j'ai déjà parlé plusieurs fois).

 

Le pas décisif d'assurance dans l'être ne se franchit que par le passage de perdu à « perdable ». Lorsque la perte cesse d'être vue comme un accident. Au sens de drame qui bouleverse le rapport au monde jusqu'à le rendre impossible. Mais aussi au sens (aristotélicien) d'accident opposé à essence. Il s'agit de considérer la perte, la perdabilité plus exactement, en tant que paramètre constitutif de tout ce qui est. Parlêtre selon Lacan, l'humain selon Freud est aussi un perdrêtre. (Les deux vont ensemble en fait).

 

Pour le fun, revenons maintenant au début de la note de Freud. Il nous présente une femme qui retombe dans l'identification (en plus à ce machin dérisoire), telle la relapse dans son hérésie, tel l'enfant immature. Et pourquoi donc cette chute ? Parce qu'elle chercherait à échapper à l'envie de pénis, l'objet que jamais elle n'aura. Questions : pourquoi que le pénis elle voudrait l'avoir ? Et pourquoi que quand elle comprend que décidément elle l'aura jamais, ça lui ferait un tel choc, un deuil propice à toutes les infortunes névrotiques ? Serait-il un objet si « pas comme les autres » que ça ?

 

« - C'est bien ma fille, bonnes questions. Tu sais que j'y réponds dans mon bouquin ?

- Bien sûr Maman Simone, comment ne pas vous lire quand on est femme ?

- Oh je suis pas sûre qu'on me lise encore tant que ça ... Moins que ce phallocentré de Freud je parie, ou même ce tchatcheur de Lacan, c'est tout dire. Au fait tu pourrais pas faire quelques notes sur moi un de ces jours ? »  

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