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"Je ne le suis pas"

«« Comme substitut à l'envie de pénis, identification avec le clitoris, la plus belle expression de l'infériorité, source de toutes les inhibitions.

- Avoir et être chez l'enfant. L'enfant aime bien exprimer la relation d'objet par l'identification : je suis l'objet. L'avoir est la relation ultérieure, retombe dans l'être après la perte d'objet. Modèle : sein. Le sein est un morceau de moi, je suis le sein. Plus tard seulement : je l'ai, c'est à dire je ne le suis pas... »

(Résultats Idées Problèmes 12-7 1938)

 

Allez, malgré mon déficit éthique proprement féminin, l'honnêteté m'oblige à replacer la phrase précédente dans son contexte, une réflexion dont elle ne constitue que le point de départ. La question porte sur le processus-même de l'identification. Le mouvement qui nous fait nous identifier, vouloir ou penser être (comme) quelque chose ou quelqu'un, Freud le définit dans l'alternative logique être/avoir. Mais ce binôme banal ne s'y présente pas tout à fait comme on y est habitué.

 

La plupart du temps en effet il est admis qu'être c'est mieux qu'avoir. Plus « vrai », plus « essentiel ». Avoir porte en filigrane la figure de l'avaricieux qui capitalise, ou du vaniteux qui frime en exhibant ce qu'il a, voire qu'il en a. Être impliquerait de se détacher du désir d'emprise, de cultiver des valeurs intérieures, personnelles, spirituelles. On a des choses inessentielles, on est essentiellement soi. Or ici, non.

 

Être (vraiment soi) passe bel et bien par avoir. Car avoir est une des façons d'appréhender qu'il y a de l'autre que soi. Mais ceci seulement après avoir été (et tété le plus souvent) une première chose-autre, qu'on croyait soi mais qui l'était pas. Enfantin, non ? De ce point de vue, avoir est un progrès par rapport à être, par rapport à la façon d'être du premier temps.

Autrement dit le sujet n'est jamais là d'emblée, il n'existe qu'en s'extirpant d'un « tout » indifférencié. Le sujet est de mode relatif et de second temps. Personne ne porte le dossard n°1.

 

« - C'est quoi encore cette métaphore pourrie, de la démagogie envers tes lecteurs masculins ? Bel exemple d'aliénation. Reprends-toi ma fille !

- Euh oui Maman Simone vous avez raison. Et si je dis : il n'y a pas de 1er temps dans cette triade hégélienne, ça passe mieux ?

- Ah non Hegel ça me file la nausée … Tu peux dire bien des choses en somme, par exemple tiens : l'existence précède l'essence. Et là tout le monde comprend fais-moi confiance.

- Oui. Bon. Mais la citation de Freud il faut encore creuser un peu, non ?

- Tu le fais la prochaine fois. Laisse-leur le temps de souffler.

- OK. Je siffle la fin de la première mi-temps … Quoi, qu'est-ce que j'ai dit ? »

 

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