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Les aventuriers du temps perdu

Au fait à propos de lire sur la plage : « À la recherche du temps perdu », Dieu nous récupère quel titre magnifique ! … Mais qui, j'en conviens, peut être apprécié diversement.

 

1 « Houlàlà, diront les uns, si l'auteur lui-même avoue avoir perdu son temps, que sera-ce pour le lecteur ? »

2 « Oui mais, diront d'autres, à la recherche de, ça vous a un petit côté film d'aventures plein de suspense, de rebondissements, de héros baroudeur au sourire charismatique, dont l'humour n'a d'égal que le courage, et, cerise sur le gâteau, à qui son galurin va si bien. »

 

À ceux du n°1 demandons s'ils sont toujours si sûrs que ça de savoir ce qui, jusqu'ici dans leur vie, a été de la perte de temps ou pas ? Et tant qu'on y est ajoutons que perdre son temps, c'est comme rire : on peut le faire à propos de tout, le tout étant de ne pas le faire avec n'importe qui.

 

Quant à moi vous l'aurez deviné je me range dans la catégorie n°2. La recherche de Proust, une synthèse de À la recherche du diamant vert et des Aventuriers de l'arche perdue ? Mais si, ça tient la route.

Dans les dernières pages du temps retrouvé, à la toute fin de l'œuvre donc, le narrateur nous accroche par une sorte de suspense rétroactif. Au moment où il le boucle, le livre est présenté comme encore à écrire entièrement. Et là nous voici dans Retour vers le futur, avec l'interrogation : ce livre pourquoi existe-t-il, ou plutôt pourquoi et comment a-t-il échappé à la non existence ? Et avec lui comment a échappé à la non-existence la vie de son auteur, et tout autant, notre vie de lecteurs de Proust ?

 

« Cette idée du Temps (…) était un aiguillon, elle me disait qu'il était temps de commencer si je voulais atteindre ce que j'avais quelquefois senti au cours de ma vie, dans de brefs éclairs (…) et qui m'avait fait considérer la vie comme digne d'être vécue. Combien me le semblait-elle davantage, maintenant qu'elle me semblait pouvoir être éclaircie, elle qu'on vit dans les ténèbres, ramenée au vrai de ce qu'elle était, elle qu'on fausse sans cesse, en somme réalisée dans un livre ! »

 

Si les dernières pages de La Recherche sont si passionnantes, c'est qu'elles sont au sens propre une apocalypse (la levée d'un voile).

 

Mais ça se mérite. Faut y être arrivé sans (trop) sauter de pages. Une aventure on vous dit.

 

 

 

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