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Conatus

 

Imaginons une chose totalement improbable : je serais flemmarde. Et pour le mot conatus je vous renverrais sans vergogne à la date du 9 juillet 2013 dans ce blog.

En fait je suis flemmarde, mais j'en compense les dommages par une obsessionnelle scrupulosité (- tude ?) dans l'archivage & classement. Habile, non ?

Mais je veux bien vous éviter le désagrément d'aller traverser, à mains nues sur le clavier, les strates de ce blog. Un effort harassant et risqué que je ne peux comparer qu'à celui d'ouvrir son chemin à coups de machette dans une jungle hostile.

Donc auto citation avec légers remaniements. Simplificateurs. Oui je rigole. Si vous êtes paumés, prenez votre machette et allez donc la voir, ma lecture suivie.

J'ai travaillé pour l'écrire, maintenant je flemmarde et c'est à vous de vous bouger car :

 

«" Unaquaeque res, quantum in se est, in suo esse perseverare conatur.

Chaque chose, autant qu'il est en elle, s'efforce de persévérer dans son être."

Cette phrase (Partie 3 prop 6) est la plus essentielle peut être de l'Éthique. Essentielle au sens propre, qui fait toute la particularité du génie de Spinoza, sa fine pointe.

Comme il y a le bleu de Klein, le cogito de Descartes, l'illumination de Rimbaud, il y a le conatus de Spinoza. Conatus se traduit par effort, ce qui est inévitable mais peut prêter à contresens.

Dans un système où chaque élément, du fait même qu'il existe, tend nécessairement vers son accomplissement, que dis-je est d'emblée par-fait, il suffit de ne pas endiguer l'énergie qui imprègne tout.

Paradoxe donc d'une notion d'effort qui consiste à suivre sa pente, à se laisser vivre, mais au sens actif et non passif (attention tout est là). Il n'y a pas à y aller par quatre chemins l'éthique tient dans un mot : oui (dirait aussi Nietzsche je radote pardon c'est mon conatus).

Le monde et la vie sont à prendre ou à prendre. Et c'est de le comprendre (vraiment) qui donne accès à la seule liberté qui vaille, la liberté en acte : telle est la force radicalement affirmative de l'Éthique.

Car ce je prends est le contraire d'une attitude de résignation, de soumission fataliste. Seule la saisie résolue du monde réel, hors simulacres, abstractions, fantasmes, libère la puissance et l'action.

Bref ce qui est posé ici, c'est l'incompatibilité logique (quoique paradoxale) entre négation du déterminisme et liberté d'être et d'agir.

(Oui j'avoue cette phrase est presque aussi pensée qu'un tweet, dans la même recherche de densité et subtilité. Mais à la philo comme à la philo.)

"Quantum est in se" : ces mots notent un rapport, le quantum d'être de chaque individu rapporté à la totalité de la substance dont il participe.

Ce rapport définit chez Spinoza la manière d'être de chaque individu. Qui est ainsi conçu non pas en statique mais en dynamique.

Évitons donc un double contresens. Le conatus ne construit pas une identité rigide, mais induit au contraire une adaptation continue aux autres éléments du système.

Il ne correspond pas à une force qui va dans le style ça passe ou ça casse, mais il est au contraire la force de connexion à l'énergie d'ensemble, et par conséquent participe aussi de son maintien global. »

 

Voilà reformulé mon écrit de ce temps-là. Et vous savez quoi ? Je souscris à ma reformulation.

Le conatus vous dis-je.

 

 

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