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Sous la plage un pavé

 

Pour ses congés, Ursule cette année est allée à la mer. Une rupture avec ses habitudes. Car elle passe systématiquement son mois de repos annuel à la montagne.

Parce que la montagne, précisément, c'est reposant. L'été, bien sûr. À la saison du ski, au contraire, la montagne, elle la fuit. Car Ursule n'a pas la fibre panurgique.

« Être obligé de s'entasser, de faire la queue, de subir la proximité de gens bruyants, pas toujours polis, bref s'exposer à manquer des égards minimaux qu'on est censé attendre des autres dans une société digne de ce nom : pas pour moi. » se dit-elle.

« D'ailleurs », s'ajoute-t-elle, « à considérer les choses sous cet angle, on peut énoncer un axiome sociologique. Il y a permutation des désagréments et agréments de la montagne ou de la mer entre saison chaude et saison froide.

À la montagne l'été, à condition de contourner les itinéraires les plus courus, on peut toujours dénicher le coin où profiter en toute quiétude des bienfaits de l'altitude, de la solitude au calme de l'alpage. Là il y a des moutons mais sans Panurge.

À la mer c'est le contraire. Des moutons à Noël, et Panurge au quinze août. »

Alors pourquoi diable Ursule a-t-elle choisi la mer cet été, au détriment de sa sérénité ? À cause de la sienne. De mère.

« Le mois prochain je t'emmène en congé, Maman, si ça te dit.

- Quoi ? Me changer ? Tu n'aimes pas ma robe ?

- Non : con-gé Maman. Aller en congé toutes les deux.

- Congelée ? Oui il fait froid ici. Emmène-moi quelques jours au soleil, sur la Côte d'Azur, là où nous allions, tu te rappelles ? »

C'est ainsi qu'Ursule a atterri ici, allongée sur le sable, ayant conquis de haute lutte la surface minimale où poser les draps de bain, entre papiers gras et mégots.

Faisant abstraction de l'ambiance sonore (haute teneur en décibels garantie grâce aux enfants du drap limitrophe), s'abritant tant bien que mal, de son bras replié, du chien accouru s'ébrouer près d'elle (elle y peut rien les animaux l'adorent), Ursule tente de se détendre.

Sa mère, elle, est toute contente. Elle se hâte pour aller à l'eau, dans une joie d'enfant. Ursule sourit. Allons, elle n'aura pas sacrifié la paix de la montagne pour rien. Et elle la suit du regard, tendrement.

Mais tout à coup, boum, elle est tombée ! Ursule se précipite. Sa mère a buté sur un galet. Non, pas un galet. Ursule n'y croit pas : sous le sable de la plage, un … Pas possible !

« Emportons-le, ma chérie, je le mettrai sur ma table de nuit, ça me rappellera mes nuits de mai à la Sorbonne, mes jeunes étudiants ... »

 

 

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