« De deux maux il faut choisir le moindre. »
Ah ah très drôle. C'est ce qui s'appelle avoir le mot pour rire.
Parce que bon entre nous, lecteurs : on vous a déjà donné le choix une fois, à vous ?
« Alors voilà : ici une maladie orpheline, là un bon diabète des familles. Choisis, fais-toi plaisir, c'est cadeau (du moins tant qu'à défaut de santé on a la sécu). »
Ou bien : pour ta maison, tu préfères l'incendie ou l'inondation ?
Ou encore : ton mec, t'aimes mieux qu'il parte avec ta meilleure amie ou avec son mari ? Ou les deux ?
Charybde ou Scylla ? Peste ou choléra ?
Inutile que je multiplie les exemples. Vous pourrez broder de votre côté ad libitum.
Mais je ne veux pas être de mauvaise foi. Pour une fois.
Il y a des cas, je vous le concède, où l'on a vraiment le choix. Des cas où l'on aura une véritable alternative : bouffer la patate ou bien en purée ou bien gratinée.
Imaginons une élection présidentielle …
Euh. Bref.
De deux maux il faut choisir le moindre :
« Un petit mal ?
- Non merci j'ai déjà donné.
- Mais si ! Regarde, là, le tout petit de rien du tout. Allez, pour finir la série noire ! »
Car oui rappelons-le, souvent les maux arrivent groupés. Ils ont le sens du collectif.
Eux.
Du coup la seule chose restant à choisir ne sera guère que l'ordre dans lequel les prendre sur la gueule. Pour ce faire on tentera de les isoler, de façon à les liquider l'un après l'autre.
Comme Horace avec les Curiaces si vous voyez.
De deux maux il faut choisir le moins coriace.
Et ensuite faut affronter, parce qu'on n'a pas le choix.
Reste une seule liberté : choisir l'élégance de la légèreté. Euphémiser, litoter, ironiser : bref relativiser.
De deux mots choisir le moindre, ça on peut toujours.