J'aime la réponse en langue anglaise à quelqu'un qui dit merci : You're welcome.
Voilà un truc que j'aimerais qu'on me dise tout le temps à tout propos.
You're welcome : bienvenue dans le monde. Bien content que tu y aies une place. Si t'étais pas là faudrait t'inventer.
Le genre de chose qu'on dirait aussi bien au soleil du petit jour, aux premières fleurs du printemps. À l'annonciateur d'une bonne nouvelle.
Et au Messie pourquoi pas s'il finissait par se pointer.
À condition naturellement que ce soit pour nous dire à nous you're welcome.
Voilà j'y songe qui bouclerait parfaitement avec le chapitre 1 de la Genèse, ce grand moment de verbalisation créatrice et jubilatoire.
« Dieu dit que cela soit et cela fut, et Dieu vit que cela était bon. »
« You're welcome, toi la lumière, toi l'alternance jour/nuit, toi l'eau, toi la terre, vous les plantes et vous les animaux. Et surtout vous Adam, Ève, vous l'être humain, de quelque horizon terrestre que vous veniez : you're welcome. »
Et voilà hop tout était dit, inutile de rajouter le reste entre le welcome du début et celui de la fin.
Ça ferait une bible moins lourde, à tous points de vue.
Et je parle même pas des autres textes du rayon religieux.
Ni de tant d'autres textes de plein d'autres rayons qui gagneraient tout autant à s'alléger.
Bref revenons au mot de merci lui-même.
Parfois en se retournant sur certains moments de son passé, on constate qu'il y a des mots qu'il aurait été mieux de ne pas avoir dit.
On pense plus rarement aux mots qu'il aurait vraiment fallu dire et qu'on n'a pas su, pas pu dire.
Merci est de ceux-là. À combien de gens il est dommage de ne pas l'avoir dit. Des proches disparus à qui je n'ai pas su formuler mon amour.
Mais aussi beaucoup de quasi inconnus, de gens à peine croisés.
Cependant curieusement, tous ces mercis informulés ne me pèsent pas comme des regrets ou des remords. Ils ne me restent pas sur le cœur.
Je les imagine plutôt voletant doucement autour de moi, nuée de papillons légers et colorés.