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Une autre paire de manches

 

« Sutor ne supra crepidam »

 

= Cordonnier pas plus haut que la chaussure.

Paroles du peintre Apelle à un cordonnier, qui après avoir donné son avis sur la sandale d'un tableau, voulut aussi juger du reste (Histoire naturelle de Pline 35-36), dit ma page rose qui a l'air bien renseignée.

Elle explique que la phrase moque l'erreur et le ridicule qui consistent à se croire (ou se faire croire) capable de la même expertise dans son domaine de compétence et en dehors.

(Bon oui d'accord ça mange pas de pain, elle dit ça elle dit rien).

Je remarquerais plutôt qu'Apelle n'était pas très ouvert d'esprit, si vous voulez mon avis. Ou alors il était vexé parce que le cordonnier avait pas trop liké sa sandale.

(Mais vous croyez que lui, en récupérant la sandale donnée à ressemeler, se gênait pour balancer remarques et récriminations ?)

(Je dis pas qu'il avait tort, faut pas se laisser arnaquer non plus).

La vraie question est : pourquoi que le cordonnier il pourrait pas avoir un jugement proprement artistique, hein ? Y aurait pas du mépris de classe dans l'air par hasard ?

Ça me rappelle un sketch tout à fait malin de Jean Yanne où l'on voit deux chauffeurs routiers de caricature (gros bras, marcel, causant argot) échanger en cours de route leurs impressions sur la musique qu'ils écoutent.

« Tu trouves pas, Bébert, que dans cette sonate Beethoven était encore vachement sous l'influence de Mozart ? »

On rigole, et puis on se dit : mais oui pourquoi pas des routiers mélomanes ?

Des éboueurs philosophes, des cantonniers mathématiciens ?

En fait, n'en déplaise à Apelle, le domaine artistique est sans doute le plus accessible à tous. Avec philosophie et politique bien sûr, domaines exigeant fort peu d'aptitudes comme cela n'est plus à démontrer.

Mais quand il s'agit de technique, de concret, l'intelligence et la sensibilité (ou même le bluff) ne suppléent pas aussi facilement au manque de formation.

Exemple au hasard moi : pour tchatcher n'importe quoi sur n'importe quoi (genre oral de l'ENA pour les nuls), je me débrouille toujours.

Mais si j'ai besoin de travaux de plomberie ou d'électricité, là j'en suis réduite à me dire comme Socrate « je sais pas grand chose et en plus c'est que de l'inutile. »

 

Bon enfin le truc qui console c'est qu'il paraît que les cordonniers sont les plus mal chaussés.

 

 

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