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Le souffle de l'écrit

« Verba volant scripta manent »

 

= les paroles s'envolent, les écrits restent.

Cette maxime a d'abord une acception juridique.

Apposer son paraphe à un écrit, un contrat, engagera chaque partie, pour faire et valoir ce que de droit. Alors qu'affirmer Mais si, Machin m'a promis que, ça le fera déjà moins.

Passage de la culture orale à la culture écrite, une étape majeure pour les sociétés. Elle a modifié les actes de la vie quotidienne. Actes publics surtout, comme dans le domaine juridique ou commercial, mais aussi actes privés (écrire une lettre).

Elle a chamboulé les mentalités, les modalités (et ainsi le sens) des productions culturelles, du rapport au monde, à l'espace, au temps.

Le mythique, commencé dans l'oralité, évolue vers l'écrit, fixant les structures sociales. Devenu religieux, il prescrit rites, préceptes, énoncés dogmatiques, à respecter à la lettre

Quant à la science (mathématique, physique, mais aussi l'histoire gagnée sur le mythe), elle n'a véritablement lieu d'être que dans et par l'écrit.

Construire un raisonnement scientifique, par le passage de l'hypothèse à sa validation, par la collecte empirique de données, nécessite un enregistrement précis et objectif des informations. L'écrit (mots, mais aussi langage au sens large, symboles, chiffrages) est à cet égard plus sûr que l'oral (même si les biais subjectifs existent toujours).

L'écrit trace ainsi les contours, les limites, toute la géographie d'un territoire symbolique reconfigurant le réel.

L'écrit est quelque chose qui reste, mais non sans combiner la permanence et l'évolution. La jurisprudence vient compléter le texte de loi. Même le texte religieux admet relectures et commentaires. Exemple le corpus talmudique issu de la Bible, et la relecture toujours ouverte, maintenant le souffle du texte, sa respiration.

À l'inverse a lieu le meurtre du texte par étouffement dans le cas de lectures fondamentalistes et totalitaires qui le fétichisent.

Parfois par névrose disons naïve, plus souvent de façon perverse au service d'enjeux politiques, du verrouillage du pouvoir. (Exemples superflus) (remarquons à ce propos que le meurtre textuel implique celui des humains) (logique infernale).

 

Verba volant scripta manent  m'amène aussi à une autre idée. L'écrit permet de laisser trace de sa pensée ou ses actes, de la personne qu'on a été, du mode d'être au monde qu'on pratiqué, bref de son souffle personnel, son âme.

Or si la matière persiste (nous sommes faits des particules du big bang), l'âme s'éteint avec le souffle de vie. Mais l'écrit peut lui ménager un second souffle, une seconde vie dans la mémoire des lecteurs.

Exegi monumentum aere perennius : j'ai construit une œuvre qui, mieux que l'airain, traversera le temps, dit Horace.

 

Commentaires

  • Ouais, ben... Avec la vidéo les paroles demeurent aussi.
    Dommage pour les politiciens qui comptaient sur notre mauvaise mémoire.

  • Bien d'accord (pour les politiciens et tout le monde d'ailleurs). La mémoire est sûrement une base de la démocratie, et une condition de la vérité.

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